Rappeur, producteur, personnalité de la mode et acteur américain, Mos Def est la légende vivante du Hip-Hop. Si vous pensez que donner ce titre à Mos Def est exagéré, lisez plutôt.
Qui, à part un artiste, un vrai, le genre d’artiste que l’on écrit avec A majuscule, peut se targuer d’avoir lancé sa carrière dans les années 1990 et encore aujourd’hui jouir d’une aussi grande notoriété ? Dante Terrell Smith le peut lui. Quand vous tapez votre nom dans la barre de recherche Google et que la mention « mort » apparaît juste à côté, vous savez que vous avez atteint le Hall Of Fame de la célébrité. Dante Terrell Smith alias Mos Def alias Yasiin Bey, peu importe son nom, est le dandy du hip-hop. Toujours tiré à quatre épingles avec son pantalon à pince impeccable et sa chemise blanche qui ne supporte aucun pli, son style vestimentaire tient là encore plus de la symbolique que de l’élégance pure. Complexe, l’homme aux mille visages est définitivement intrigant.
De Dante à Yasiin en passant par Mos
1994-1996. Patron du Hip-hop. Né à Brooklyn, le berceau du hip-hop new-yorkais en 1973, il a vécu l’âge d’or du rap naissant. S’il fait ses débuts aux côtés d’Urban Thermo Dynamics (UTD), c’est au côté de son collaborateur de toujours, le rappeur et ami Talib Kweli et leur duo Black Star, que l’aura de la légende prendra tout son sens pour devenir une figure majeure du hip-hop underground. Mais en 1996 déjà, alors qu’il collabore avec De La Soul, son album Universal Magnetic le fait entrer dans la cour des grands.
2011-2012. Le jour où Mos Def est devenu Yasiin Bey. Alors qu’il donne un concert en Alaska, devant une des meilleures pizzerias des États-Unis (oui, c’est cocasse) le rappeur décide de faire son coming-out religieux. C’est devant ses fans donc qu’il annonce sa conversion. Mais celle-ci ne date pas d’hier. Cela fait déjà 12 ans que ses proches l’appellent Yasiin Bey, le nom inscrit sur son passeport, son permis de conduire et maintenant ses pochettes d’album. Pourquoi ce changement ? Pourquoi maintenant ? L’homme l’avoue fièrement, Mos Def était devenu un produit, une marque éclipsant la personne. Cet acte est donc une nouvelle tentative pour rendre l’humain plus humain. Ses admirateurs feignent la surprise. Pourtant, il est de notoriété commune que son père était un disciple de la Nation of Islam et de nombreuses références à sa religion peuvent être entendues dans ses enregistrements.
Mos, Def-intivement engagé
2013-2014. Route pour l’Afrique du Sud, premiers soucis migratoires. Encore une des décisions personnelles de l’artiste qui fait la Une des journaux. Ses textes sont engagés, ses mots au service de la lutte contre le racisme institutionnalisé au pays de l’oncle Sam (il n’a qu’à écouter son titre Mr Nigga – allez-y, cliquez
). Après 33 ans passés à Brooklyn, il quitte donc son pays natal décevant pour s’installer en Afrique du Sud. Derrière ce départ se cache aussi une volonté de s’éloigner physiquement d’Hollywood. Dante semble toujours en quête de se rapprocher de lui-même. Noir, musulman, rappeur et activiste américain, l’artiste anciennement connu sous le nom de Mos Def est un révolté, un forcené, un homme de convictions.
2016. Retraite prématurée. Dans le freestyle « No More Parties In S.A » publié sur la page de son ami Kanye West, Bey annonce qu’il prend sa retraite de l’industrie de la musique et du cinéma. En même temps, il annonce la sortie de ce qu’il appelle son « album d’adieu ». Nous dirons plutôt un album « d’à bientôt ». Le 10 mai 2018, le parolier de Brooklyn qui a collaboré avec De La Soul, The Black Keys, Gorillaz, Kanye West et Jay-Z sera à La Marsa, au Carpe Diem, pour un concert exceptionnel (pour notre plus grand plaisir).