Dans le cadre du mécénat culturel dans lequel elle s’investit depuis plusieurs années, Vermeg a organisé, ce vendredi 19 mai, la Vermeg Art Fair, où elle a rassemblé des artistes tunisiens.
Nous sommes en -146, Scipion Emilien a décidé de mettre à feu et à sang la cité qui lui a résisté durant trois ans. La cité punique qui a eu l’arrogance de faire de la concurrence à Rome et que son sénat a condamné à la malédiction du sel. Delenda est Carthago résonna, signifiant que Carthage doit être détruite.
Mais Carthage n’est pas morte, elle a même appris à renaître de ses cendres. Au fait, Carthage ne meurt pas.
Sur la colline de Byrsa, témoin des guerres puniques et symbole de la résistance à l’armée romaine, trône l’un des musées les plus importants de Tunis, le musée de Carthage. Et c’est à cet endroit précis que la Vermeg Art Fair a élu domicile, le temps d’un après-midi ensoleillé, pour célébrer l’art et la créativité.
L’homme de théâtre Raja Farhat, du haut d’une scène improvisée sur les vestiges d’un passé lointain, a conté à un public attentif, l’histoire de Scipion Emilien, d’Hannibal, de Didon et de César, qui ressuscita Carthage un siècle après sa destruction. Il s’agit de l’histoire de l’une des plus vieilles démocraties du monde, la saga de l'exception carthaginoise. Le tout, sous l’œil bienveillant de Saint-Louis.
Saint-Louis qui, en cette journée Vermeg, a côtoyé des oeuvres et des sculptures qu’il a dû trouver étranges ! Des créations d’art contemporain, qui ne ressemblent en rien à ce que le musée a l’habitude d’abriter. Mais Carthage, c'est connu, est avant tout une cité d'ouverture et d'échanges.
La danse était au rendez-vous, et dans cette exposition où les visiteurs ont suivi un itinéraire pour déambuler entre animations et installations, Rochdi Belgasmi a ouvert le bal.
Chorégraphe et danseur, il a proposé une réflexion et « des questionnements sur l’état de la danse en Tunisie ». Comment faire pour affranchir toutes les danses locales et régionales de leur cloître et les ramener vers une plate-forme contemporaine sans les dénaturer, s’est interrogé l’artiste. Parlant de Zoufri et de Rboukh, il a raconté l’histoire de la danse populaire, de ses mouvements inspirés de ceux des ouvriers au 19e siècle, de leur sexualité... Avant d'inviter le public à le rejoindre sur scène, il a transporté son auditoire dans un voyage ponctué de rythmes provenant des régions tunisiennes et du Maghreb.
Au tour du groupe Emna Jaziri and Co d’ouvrir aux spectateurs les portes d’un monde musical expérimental. Une musique trip pop avec des paroles en dialectal et des rythmes locaux.
Le plus de cette manifestation qu’est la Vermeg Art Fair est qu’elle met en contact direct artistes et visiteurs. Outre les installations et les sculptures, les dessinateurs de BD du collectif Lab 619, ont exécuté en live leurs dessins. Idem pour Vajo, le street art designer, qui a réalisé son tableau sous l’œil des spectateurs.
Slam, projections vidéo, peinture… l’art contemporain tunisien dans toute sa splendeur a squatté l'antique musée, pour, durant deux heures, le convertir en une galerie éphémère à ciel ouvert… une réussite, estiment les organisateurs.
Crédit photo : Hajer Boujemâa