Une comédie musicale sur Jean-Michel Basquiat est en préparation

Une comédie musicale sur Jean-Michel Basquiat est en préparation

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Jean-Michel Basquiat est  synonyme  d’avant-gardisme et d'art contemporain underground, mais c’est avant tout un artiste véhiculeur de messages, parfois durs à encaisser.

 

La comédie musicale produite à Broadway, dont on ne connaît pas encore la date de représentation, sera un retour sur la vie et l'œuvre de l'icône new-yorkaise et protégé d'Andy Warhol. Ce que l'on sait en revanche, c'est que Jon Batiste du The Late Show with Stephen Colbert composera la bande son, et que John Doyle, gagnant d'un Tony, dirigera le projet. Tout cela sous la bénédiction de la famille de l'artiste, décédé en 1988, à l'âge de 27 ans.   « Au fil des années, beaucoup de gens nous ont approchés et nous ont fait part de leur envie de raconter l’histoire de notre frère sur scène. (…) Notre intérêt a été piqué par la volonté de traiter sa vie, son art et son héritage avec respect et passion », ont déclaré les deux sœurs de l’artiste dans un communiqué. 

 

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(c) Andy Warhol & Jean-Michel Basquiat photographiés à New York en Juillet 1985.

 

Jean-Michel Basquiat est né en 1960 et a révélé, très jeune, une personnalité artistique en dessinant à longueur de journée. Sa mère, artiste dépressive, encourageait la vocation précoce de son fils et l'accompagnait souvent au MoMA (Museum of Modern Art) à Manhattan, histoire de l'introduire à la culture. Le drame survient en 1968 quand le petit de 7 ans fut renversé par une voiture en jouant au basketball. Cet accident a déclenché un tournant dans la vie de l'artiste, qui a passé plus d'un mois hospitalisé à cause d'un traumatisme crânien et d'une perforation de la rate. Pour tuer le temps, sa mère lui offrit le livre Gray's Anatomy, le traité d’anatomie d'Henry Gray. C'est à son retour chez lui que Basquiat s'est mis à dessiner les planches du livre ; Il dissèque des squelettes et dessine des crânes sur un fond musical jazzy à la sauce de Charlie Parker, saxophoniste que sa famille écoutait souvent. 

L'adolescence de Basquiat était du moins qu'on puisse dire difficile, des parents qui se séparent à de multiples reprises ce qui provoque, une dépression majeure chez sa mère, Matilda Andrades, qui s'en va à l'asile psychiatrique. Suite à cet événement, Basquiat a dû emménager avec son père, un homme sévère et physiquement violent envers son fils. À 16 ans, Basquiat fugue du nid familial pour squatter les bancs du Washington Square Park et se met à vendre des tee-shirts, les concevant lui-même sous son nom d'artiste (SAMO) .

Fin des années 70, le jeune artiste rencontre Al Diaz, avec qui il se lie d’amitié ; Tous deux vont collaborer et envahir le Lower East Side de New York de graffitis, en signant leurs œuvres du fameux SAMO (same old shit) ou plus proprement dit "rien de neuf". Cette initiative a permis à Basquiat de se faire remarquer auprès de la scène artistique. C'est à ce moment qu'il débute sa vie d'indépendant et commence à fréquenter des clubs tels que le Mudd Club, un endroit où se croisaient tous les symboles de la contre-culture. De David Byrne à Madonna, l'artiste s'édifie un cercle social de poids et rencontre aussi des personnalités clés dans sa destinée comme Diego Cortez, qui l'aide à afficher ses œuvres auprès de celles d'Andy Warhol et Keith Haring lors de l'exposition « New York, New Wave » en 1981. Son art passe des murs aux tableaux, et l'artiste se déchaîne en exprimant New York à travers ses souvenirs d'enfance, la bande dessiné, son héritage africain et les domaines prédominants de la culture black : Le jazz et le sport. Il se montrait souvent auprès de Julian Schnabel, Francesco Clemente ou Enzo Cucchi, s'inscrivant dans la mouvance néo-expressionniste de l'époque. Dans ses œuvres, on observait souvent des mots barrés, attirant intentionnellement l'attention sur le racisme, la répression policière et l'exclusion, Comme Irony of Negro Policeman (1981) qui illustre le contrôle que subissent les Afro-Américains dans une société à prédominance blanche.

 

 

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(c) Irony of Negro Policeman (1981).   

 

                                                                                     

En quelques années, Basquiat devient un phénomène mondial et son art voyage des galeries parisiennes à Londres puis la Suisse... Il devient le premier artiste noir à faire la couverture du New York Times Magazine, tandis que ses œuvres se vendent à des prix exponentiels et qu'il s'en met plein les poches. Un vécu de pop star, ponctué de consommation illicite qui ne durera pas longtemps, puisqu’à la mort d'Andy Warhol (1987), le quotidien de Basquiat se transforme en une série de crises paranoïaques. Un an plus tard, et malgré l'effort de sobriété, Basquiat est retrouvé mort d'une overdose d'héroïne dans son studio d'art à Great Jones Street, à seulement 27 ans. L'artiste incarnait à merveille la nature hédoniste des années 80 à New York, mais son statut d'icône de l'ère post-punk lui a vite fait perdre toute capacité de contrôle, conduisant à son décès à la fleur de l'âge. 

 

On vous propose de voir ci-dessous The Radiant Child (2010), un documentaire informatif sur sa vie, produit par Tamra Davis, une amie proche qui a ressortie des archives d'entretiens inédits, dans lesquelles l'artiste explique sa vision du monde. Le documentaire visite profondément le vécu de l'artiste et notamment sa montée rapide vers la gloire dans un monde artistique majoritairement blanc, où certaines personnes à l'opportunisme masqué ne manquaient pas d'étiqueter Jean-Michel Basquiat 'd'enfant noir des rues' à succès.

Une comédie musicale sur cette légende urbaine promet... des surprises !