“Summertiiiiiime and the leavin’ is eaaasyy” …Nous sommes nombreux, très nombreux (trop nombreux ?) à avoir fredonné les premiers mots de ce classique. Standard incontournable du jazz, retour sur son histoire, avec quelques chiffres en prime.
Dans son journal datant de 1943, André Gide a écrit « L’été s’impose et contraint toute âme au bonheur ». Le bonheur, c’est un peu ce que l’on ressent à l’écoute du titre Summertime. Et c’est d’ailleurs ce sentiment qui a dû pousser, peut-être, tant d’artistes à s’approprier ce morceau. Au 1er juin 2017, The Summertime Connection (un regroupement de collectionneurs très sérieux) dénombrait 82 712 interprétations publiques. Parmi ces chiffres qui donnent le vertige figurent celles d’Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Duke Ellington, Sam Cooke, Janis Joplin, The Doors… Passant ainsi d’un genre à l’autre sans pour autant perdre de sa beauté (sauf exception)...
Porgy and Bess
L’été a été magnifié par la chanson Summertime. Pourtant nous sommes en plein hiver, en décembre 1933, quand Gerswhin compose les premières notes – d’abord blues, spiritual et gospel – de Summertime. Destinée à l’opéra Porgy and Bess, cette mélodie est une berceuse chantée par Clara, un des personnages qui veut endormir son enfant. Bien sûr, les premières représentations de l’opéra n’ont pas échappé aux polémiques et ne furent d’ailleurs pas un franc succès. Musique jugée trop moderne, racisme… Finalement, rien n’empêchera ce bijou musical de perdurer à travers les décennies sans perdre de sa superbe.
Les raisons du succès ?
Ces chiffres questionnent. Pourquoi un tel succès et un tel désir de faire sienne cette musique ? Comment explique-t-on l’intemporalité de Summertime ? Sans avoir fait d’études de musicologie poussées, quelques éléments de réponse se présentent à nous. Dans ses paroles, cette chanson possède une forme d’ambiguïté qui nous laisse libres de toute interprétation - répondant ainsi à ce besoin si humain de l’identification et de l’appropriation. Pour certains, elle est l’image d’un été paresseux à se prélasser pendant les chaudes journées, pour d’autres, elle incarne la mélancolie dans ce qu’elle a de plus beau. Ces accords aussi y sont pour quelques choses. Répétitifs, ils nous entraînent dans une exquise torpeur. Jusqu’au « hush little baby » qui arrive et apporte avec lui un vent de fraîcheur... En parler c’est bien, mais le mieux reste de l’écouter.
Et en bonus, juste parce que le clip vaut vraiment la peine d'être regardé....