Retour sur la pépite de la Culture Pop : Joker

Retour sur la pépite de la Culture Pop : Joker

Partager

Est-il possible de ne pas saluer solennellement l’aplomb de Mr Todd Philipps,
l’homme derrière la trilogie Very Bad Trip, qui, en s’intéressant aux origines du
mythiques anti-héros, a farouchement escampé son registre ?
Poussant l’impétuosité encore plus loin, le réalisateur est venu titiller les
productions antérieures, œuvres magistrales à plus d’un niveau, en suggérant
une approche inédite. Pour la toute première fois, on se penchera sur les
prémices de la folie meurtrière du légendaire ennemi de Batman. Cette
odyssée exploratrice des origines du méchant de Gotham City n’est pas sans
rappeler le dérangeant The King of Comedy de Martin Scorcese (1982). Dans
cette satire prodigieusement pétillante et non moins perturbante du monde du
spectacle, Rupert Pupkin (interprété par un De Niro grandiose) est prêt à tout
pour atteindre la gloire, quitte à kidnapper son mentor.
8 ans plus tôt, ce même Scorcese s’était bien régalé en filmant l’insidieuse
altération psychotique d’un homme écœuré par sa solitude dans le
génialissime Taxi Driver.
On parlait donc de courage et il y en a dans cette œuvre, couronnée par le lion
d’or à la Mostra de Venise et déjà culte. Derrière les traits du Joker, un Joachin
Phœnix, au summum de son art, s’attaque à une besogne des plus épineuses,
non moins par la complexité dramatique et psychique du personnage que par
l’ombre persécutrice des performances précédentes ; celles de Jack Nicholson
et de Heath Ledger. De ce film, on ne sort pas indemnes en grande partie du
fait de la prouesse de l’acteur qui réussit à susciter la sympathie à l’égard du
sociopathe. L’ambiguïté et l’ambivalence retranscrites par son jeu sont telles
qu’on se surprend inconsciemment à légitimer la violence.
Entre larmes et fou rire, entre douceur et violence, entre folie et lucidité, Joker
est une parfaite représentation cinématographique du mal-être de notre
société contemporaine.