Pour certains, The Velvet Underground and Nico n’est qu’une affiche qu’on accroche sur le mur ou un T-shirt qu’on porte pour paraître branché. Pour d’autres, cependant, le disque à la banane jaune est une légende, une de ces œuvres dont on meurt d’envie d’analyser le moindre passage, la moindre note musicale. Produit par Andy Warhol et sorti en 1967 à New York City, le premier disque de The Velvet Underground est indéniablement un coup de gueule à l’optimisme de la Californie des années 60.
Cette période fut charnière pour la scène musicale. Et pour le moins que l’on puisse dire, c’est au Factory d’Andy Warhol, que les prémices la révolution underground se préparait. Cet artiste polymathe voulant s’essayer à la musique, a aussitôt proposé aux Velvet Underground de produire leur premier disque après avoir assisté à leur concert au Café Bizarre. Sa condition sinéquanone étant d’intégrer son égérie Nico dans l’album, Warhol les a hébergés à la Factory où il allait les diriger dans leurs performances et aiguiser leur image à sa façon.
Du 16 au 23 Avril 1966, une équipe monstre s’installait dans un studio New-Yorkais et allait prendre de contre-pieds la mouvance pop rock qui fleurissait à l’autre bout du pays. Musique d’avant-garde, musique minimaliste, minutieusement déconstruite et des thématiques taboues : de la prostitution, à la perversion sexuelle passant par les drogues dures et l’obsession. Tous les ingrédients de la révolution artistique y sont.
Après la douce berceuse mélancolique Sunday Morning, hymne de la gueule de bois du dimanche matin, on s’aperçoit que l’album vire de morceau en morceau vers un bad trip halluciné par Lou Reed, poète-junkie de la Bohème urbaine et acteur de chacune des paroles qu’il signe. Sur la face B de l’album, figure le célèbre morceau ‘Heroin’ qui a d’un côté signé la mort commerciale de l’album à sa sortie et d’un autre révélé l’ampleur et le potentiel créatif de ce groupe. Lou Reed qui chante son amour de l’Héroïne pendant 7 minutes. Le morceau démarre avec une tonalité douce et mélancolique reflétant en quelques sortes le désenchantement du monde et va en s’accélérant sans aucune logique aucune si ce n’est pour refléter le trip et les battements de cœur d’une personne shootée à l’Héroïne.
Sulfureux, cynique et immoral, si le disque à la banane jaune précipite l’écroulement d’un monde à l’eau de rose chantonné par les enfants de la « Power of Flower », il n’en reste pas moins un album créateur et libérateur. Velvet Underground and Nico est venu libérer le rock’ n’roll de ses conventions stylistiques et morales en offrant une passerelle entre l’époque Hippie et les prémices du mouvement Punk.