Pour ne pas vieillir vite, il semble que la solution ne soit ni cosmétique ( se faire refaire le pif, par exemple), ni sportive ( comme forcer sur l’exercice haltères) , mais simplement intellectuelle.
Pour éviter le glissement progressif vers la sénilité, le penseur Michel Serres (disparu récemment) nous conseille de nous maintenir grâce à l’exercice mental !
Il s’agit tout simplement d’accepter d’être confronté à des réflexions, des idées, des œuvres qui nous paraissent difficiles d’accès.
C’est cette difficulté qui va stimuler nos méninges que la culture du mainstream ,avec ses raccourcis, à tendance à anesthésier.
Serres disait que dans son entourage, il y avait des gens de 90 ans qui avaient dans les yeux une lumière incroyable, alors que se collègues ( à la fac, bien sûr !) qui ont moins de 30 ans, n’avaient pas…
Voici donc quatre films qui nous introduisent dans les univers de quatre philosophes réputés coriaces conceptuellement, pour un bain de jouvence intellectuel…
La Jeunesse de Karl Marx
Raoul Peck semble se spécialiser dans les biopics politiques, puisqu’il a réalisé une fiction éponyme hommage à Patrice Lumumba ( réussie d’ailleurs) , et un documentaire sur l’écrivain James Baldwin, réussi aussi, parfois un peu systématique quand même, qu’il intitule joliment « I’m not your negro ». Peck s’attaque donc à l’immense Karl Marx. Un joli film sur lequel nous reviendrons, où l’auteur parvient à rendre son humanité à Marx. Il nous le présente comme un être bouillonnant d’idées et …de passion. Désacraliser l’homme tout en donnant leur vraie dimension à ses idées et à son amour ( souvent excessif) pour les spiritueux…
Les derniers jours d'Emmanuel Kant
Aussi ennuyeux que la vie monotone du philosophe allemand. Le noir et blanc ne fait qu’appuyer une ambiance générale qui est loin d’inspirer la gaieté. Morne est le film. Distant est l’auteur de « La faculté de juger ». Comme le laissent suggérer les premières images du film, il n’est, à cette époque de sa vie que l’ombre de lui-même. Mais le jugement et la lucidité sont intacts…
Hannah Arendt
Très beau portrait de la philosophe allemande exilée aux Etats-unis. Signé par Margaret Von Trotta à qui l’on doit aussi le biopic de l’égérie spartakiste Rosa Luxembourg.
Arendt est brillante, passionnée et tourmentée. Sa couverture du procès du criminel de guerre Eichman et les révélations qu’elle fait sur la collaboration d’associations juives avec les nazis font d’elle une figure à la pensée intransigeante. Le film rend très bien le caractère bien planté de celle qui fut très proche de Martin Heidegger, encarté au parti National socialiste !
Le destin (Al Massir)
Et pour clore ce florilège un petit détour par l’Andalousie et plus exactement par Cordoue pour rendre hommage à la pensée libre et libératrice. Il s’agit de Le Destin, ( Al Massir, 1997) de Youssef Chahine. Situé au 12ème siècle, le récit dessine la vie intellectuelle tumultueuse du philosophe, théologien et savant Ibn Roshd ( Avérroès). Malgré le respect que le prince Al Mansour voue à Ibn Roshd, il se pliera aux pressions des fondamentalistes qui n’exigent rien de moins de lui qu’il ordonne un autodafé des œuvres de l’auteur de « Fasl Al makal » dont les écrits allaient influencer toute la pensée humaine.
Un Chahine en verve et plus inspiré que jamais…