Il prend le pouls de la société et en est son miroir - parfois déformant. Une chose est sûre, l’Artiste est nécessaire pour laisser une trace de l’Histoire, un témoignage auditif ou visuel auquel il ajoute son supplément d’âme, car, comme l’a écrit André Malraux, « l’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme ». En 2011, les artistes tunisiens n’ont pas fait exception. Ils se sont saisis d’un moment de l’Histoire pour que sa temporalité devienne intemporelle.
Pour les yeux.
Un livre – « les Intranquilles », d’Azza Filali.
Publié en 2014 et réédité en 2015 par les éditions Elyzad, ce roman est celui de Tunisiens et de Tunisiennes. Il raconte l’histoire de tout le monde et de personne en même temps. Les personnages sont tellement différents que chacun est libre de s’identifier à celui de son choix. Et même à plusieurs en même temps, s’il le souhaite. Certains disent que ce livre est celui de la passivité face à la révolution, d’autres qu’il dresse avec justesse le portrait de la Tunisie post-révolution. Mais chacun est libre de l’interpréter comme il le souhaite. Pour ça, il faut l’avoir lu.
Une exposition – « Amen », d’Amine Landoulsi.
Du 22 février au 22 mars, la Maison de l’image de Tunis a décidé de mettre en avant le travail du photojournaliste Amine Landoulsi qui, appareil à la main, a saisi avec force des moments de la révolution qu’il a figé, capturé dans son objectif. Un regard, une foule devant le ministère de l’Intérieur, une femme derrière les boucliers transparents de la police... Chaque cliché est le reflet des aléas d’un quotidien bouleversé par une période marquante.
Pour les yeux et les oreilles :
Un film – « À peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid.
Cette fois l’intrigue se déroule quelques mois avant la révolution. Le calme avant la tempête. Sorti en 2015, il raconte l’histoire de Farah qui vient d’avoir 18 ans. Une vraie intranquille pour le coup. La jeune femme vit, tout simplement. Elle sort, fait la fête, joue dans un groupe de musique. Mais cette jeunesse libre dérange. Ce film qui raconte l’histoire de l’émancipation offre à voir la soif de liberté de cette période tumultueuse.
Une musique :
« Egleb Mandhrek » de Vipa.
Porte-voix de la révolution ? Une chose est sûre, le rap dénonce. Par ses paroles contestataires et un humour engagé, Vipa pose sa voix pour offrir sa vérité. Egleb Mandhrek ce sont des mots, mais aussi un clip. Manteau rouge - comme le drapeau – Vipa est sur l’avenue Habib Bourguiba, dos à la « Mongela » ou il crache ses revendications devant une foule qui imperturbable défile autour de lui.