Yacine Boulares, de Paris à New York en passant par Tunis, trouve le sens du swing. La consécration vient avec l’album « Ajoyo » sorti en 2015. Avant d’aller jouer à Sicca Jazz, au Kef, Yacine Boulares sera en live à studio 45. Envoutement en perspective.
Yacine Boulares a grandi avec un père mélomane, des étés à Tunis, et un quotidien à Paris ; dans chaque continent, la musique l’a suivi. Rien de vraiment exceptionnel à une mélodie près. Il fait des études de philosophie qu'il n'achève pas. Depuis, Kenyatta a remplacé Kant, le saxophone ayant pris la relève.
En 2003, Ennejma Ezzahra organise des formations dans le cadre de l’école de Jazz, Yacine fait preuve d’une grande maîtrise technique pendant les sessions au cours desquelles il rencontre les musiciens tunisiens. Trois ans après, il se lance dans l’aventure des lives au Bœuf sur le toit.
Destination New York :
« À cette époque, j’ai passé plusieurs étés à New York où j’ai découvert la culture du Jazz, du swing, des standards et des comédies de Broadway “ confit-il à French Morning, un média New Yorkais.
On aimerait l’imaginer, fredonner la fameuse réplique dans Baton Rouge ‘I got to fly today on down to Baton Rouge’ en regardant les buildings infinis de New York, traverser Broadway pour aller à la 51e et écouter les Pauls à l’Iridium jazz Club, compter ses dollars jusqu’à Greenwich Village, et fredonner Omar Korshid dans le métro. Le métro où il jouera plusieurs fois, pour quelques dollars de plus.
Les études à la New School et les rencontres :
Le virtuose du saxo rencontre Jojo Kuo, batteur de jazz. Deux exilés, deux instruments et un héritage musical en commun, celui de l’Afrique, d’un vieil homme noir assis sous un arbre, d’un soleil fier et puissant, du son des lames d’une Sanza, et de la silhouette de Bou Sadiya au loin. Jojo Kuo poussera Yacine Boulares à créer son groupe. Été 2012, Afro Groove est né.
Boulares décrit New York comme un enfer, si la liberté est là, la concurrence est féroce ; la ville est surpeuplée de musiciens talentueux et le club des Jazzmen est très sélectif. Années de galères, de musique, d’études, de petits lives et le ‘succès qui ne vient pas’, jusqu’à ce moment où Afro Groove commence à faire vibrer les foules.
2014, un coup de fil, celui de Robert Sadin : ‘Yacine, es-tu disponible la deuxième partie de février ?’, quelque temps plus tard il était dans un studio avec Vincent Segal, Chico Pinheiro, Mark Feldman, Patrick Messina, Bridget Kibbey, Rhani Khrija and Ira Coleman pour enregistrer Placido Domingo’s Encanto del Mar.
2015, une voix se pose sur les mélodies de son saxo, celle de Ajoyo, premier album aux sonorités soul et aux couleurs africaines. Mais c’est avec ‘Abu Sadiya’, sorti en janvier 2017 que la magie opère. Indéniablement, l’album de la consécration, celui qui expose ses expériences de vie, son retour aux sources, le Sud et le trio qu’il forme avec Vincent Segal & Nasheet Waits. Fip écrira en parlant de ‘Abu Sadiya’ ; ce trio atypique de virtuoses tisse avec finesse le lien entre les cultures musicales d’Afrique du Nord et Subsaharienne, entre le jazz et la transe du stambeli”.
Yacine Boulares joue les yeux fermés, il ne les ouvre que pour lancer un regard complice à ses accompagnateurs, et c’est ce soir sur studio 45 qu’il envoûtera la capitale.
Crédit photo cover: Site officiel Yacine Boulares