Malavoi, quand la créolisation sublime la musique

Malavoi, quand la créolisation sublime la musique

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Véritable ambassadeur de la musique antillaise à travers le monde, Malavoi, ce groupe martiniquais a su faire évoluer la musique traditionnelle de l’île en la modernisant et en y intégrant des touches et des influences variées.

 

La culture créole est le résultat d’un véritable melting-pot, un plat mijoté, dans lequel les ingrédients proviennent d’origines diverses et variées, mêlant Africains, Européens, Orientaux et autres.

Toutes ces cultures qui ont su cohabiter, s’harmoniser et fusionner ont donné naissance à ce qu’Édouard Glissant, écrivain, poète et essayiste, appelle la créolisation.

 

« La créolisation, c’est un métissage d’arts, ou de langages qui produit de l’inattendu. C’est une façon de se transformer de façon continue sans se perdre. C’est un espace où la dispersion permet de se rassembler, où les chocs de culture, la disharmonie, le désordre, l’interférence deviennent créateurs. » *

 

La musique antillaise, fruit de cette créolisation, a su puiser dans ce qu’il y a de mieux dans chacune de ses nombreuses influences. C’est une musique solaire, mélange savant d’empreintes et de sons multiples : africain, latin, brésilien ou encore classique, épousant les rythmiques traditionnelles de chacune des îles, s’enrichissant, évoluant tout en gardant son unicité et ses spécificités qui la rendent reconnaissable dès les premières notes entonnées.

Cette musique est de celles qui vous envoient le bonheur par vagues, par ondes qui vous traversent, vous pénètrent et se propagent à l’intérieur de nos veines.

 

Malavoi !

 

Désignant une variété de canne à sucre ou le nom d’une rue sur l’île de Gorée au large du Sénégal d’où les esclaves partaient pour les Amériques, le nom de Malavoi, quelle qu’en soit l’origine, a marqué l’histoire de la musique antillaise. Le groupe s’est démarqué sur la scène locale et a enflammé les bals, des années durant. Il a su mêler les danses et les rythmes traditionnels martiniquais à la salsa ou au jazz, créant un nouveau genre, qui a su séduire la Martinique puis le monde.

 

C’est en 1969 que Malavoi se forme, sous l’impulsion de Paulo Rosine et Mano Césaire. Au début, avec ses 4 violonistes et sa section rythmique composée d’une batterie et d’une basse, ils ont réussi à faire redécouvrir le patrimoine musical traditionnel martiniquais.

Le groupe, fort de son succès auprès du public, évolue et s’enrichit de nouveaux instruments tels que cuivres et piano.

Après une période d’essoufflement qui a duré trois années, durant laquelle Malavoi avait cessé toute activité musicale, le groupe revient sur la scène au début des années 1980.

 Animé d’un souffle nouveau, Malavoi se reforme, s’ajuste et intègre de nouvelles voix et de nouveaux arrangements musicaux ainsi que de nouveaux instruments qui lui ont permis d’acquérir un succès qui dépasse les frontières des Antilles, atteignant ainsi une notoriété mondiale.

 

 

 

 

Un des morceaux phares de Malavoi, « La Filo », est une ode à l’amour aux rythmiques savoureusement enlacées, comme un mouvement perpétuel au charme incontesté, à déguster jusqu’à la dernière note.

 

* Édouard Glissant, propos recueillis par Frédéric Joignot, Le Monde 2, janvier 2005, extrait de l’ouvrage Les îles sœurs, Marius Leblond, édition Alsatia Paris, 1946.