L’ambiance électorale dans laquelle la Tunisie baigne de plain-pied nous porte à consacrer cette chronique à des films liés directement ou indirectement à la politique.
Au-delà de l’imbrication de l’industrie hollywoodienne avec le pouvoir financier et politique, de nombreux cinéastes ont ouvert des brèches dans ce qui apparaît comme un système inébranlable.
Subtile ou frontale, la crique de la politique américaine n’a jamais été aussi forte qu’au cœur du système lui-même.
Des films, parmi les plus improbables développent un sous-texte et un propos socialement et politiquement subversif et anticonformiste.
De « Taxi driver à « There will be Blood » se dessine une trajectoire de la contestation, même si l’objet de ces films n’est pas nécessairement politique…
On estime qu’une restauration, c’est à dire un retour à un cinéma idéologiquement marqué a eu lieu après la parenthèse des « sales gosses » du nouvel Hollywood autour des années 70.
Ce retour au conformisme se concrétise essentiellement dans le retour du héros positif.
Héros qui parvient à chaque fois à rétablir l’ordre et la stabilité initiale et à aplanir les difficultés en évacuant les antagonismes qui fâchent.
« All the president’s man » ou « Les hommes du président » réalisé en 1976 par Alan Pakula, fait partie de ces films qui ont la particularité de parler des dysfonctionnements du système et la perte de confiance dans les institutions politiques.
D’un autre côté, ce genre de film, valorisent les protagonistes intègres, incorruptibles, justiciers qui portent les valeurs fondatrices des États unis.
L’œuvre de Pakula est d’ailleurs un modèle du genre.
De très beaux thrillers, bien ficelé, prenant mais sans fulgurances formelle, ni ambiguïtés dans la caractérisation des personnages et l’établissement des enjeux...
Il y a le bien et le mal et ils ne se recoupent pas…
« Les hommes du président » qu’on revoit toujours avec un grand plaisir, retrace les péripéties du scandale du Watergate qui a mis fin à la carrière politique de Richard Nixon en 1974.
Le film retrace les épisodes de l’enquête menée par deux journalistes du Washington Post, qui sont Bob Woodward et Carl Bernstein campés par Robert Redford et Dustin Hofmann.
Ce qui pouvait passer pour un banal cambriolage se révèle être une grosse affaire d’espionnage politique.
Cinq hommes sont arrêtés pour avoir pénétré par effraction dans l’immeuble du Watergate où se trouve le siège du parti Démocrate.
L’enquête menée par les journalistes va révéler que les prétendus cambrioleurs voulaient placer des micros dans les bureaux des démocrates pour les écouter illégalement.
Il s’est aussi avéré que les cambrioleurs étaient liés à des personnalités proches du président Nixon, dont un membre du comité pour sa réélection.
Les deux journalistes vont monter le puzzle de cette affaire aidé par un informateur anonyme, surnommé, deep throat….
Personnage bien réel et dont l’identité n’a été révélée que 32 ans plus tard. Il s’agit de Mark Felt, ancien numéro 2 du FBI !
Ce qui est curieux c’est que certains historiens et critiques du cinéma ne signalent pas « Les hommes du président » comme un film politique.
Est-ce dû à la dramaturgie franchement dans les normes hollywoodiennes ?
Est-ce dû à l’inscription des personnages dans certaines formes héroïques ?
Ce qui est sûr c’est que le film a donné à de nombreux jeunes l’envie de devenir journaliste…
La figure du reporter , motivé par l’amour de la vérité et de la justice, sorte de shérif moderne, ne disparaîtra jamais, malgré les déconvenues, tant que des idéalistes existeront...en Amérique et ailleurs...