Parfois le spleen distille quelque chose qui tient de l’envoutement.
Une musique, comme un poème, peut nous égarer, certes, mais pas nous perdre. Elle peut nous transporter du côté de quelque chose de fêlée, de fragile mais d’éminemment séduisant, du côté de la grâce…
« Amir », premier album de Tamino nous invite à ce genre de voyage. Ballade devenue bien rare, il est vrai, dans le monde des indies où les singularités font de plus en plus défaut.
A l’écoute, Amir tient la promesse que laissaient courir certains singles que nous connaissions, dont le magique Habibi…
Une musique en nappes sobres qui suggèrent une atmosphère plus qu’elle n’en impose, matinée d’envolées orientales, le tout porté par une voix qui trouve à chaque fois l’émotion juste entre la retenue et le lâcher prise.
La voix de Tamino vole alors comme pour aller à la rencontre d’un absolu...
On a dû l’écrire, ici et là, il y a du Buckley ( le fils), du Faccini ou du Thom Yorke qui travaillent comme des couches tectoniques dans l’univers que porte le jeune prodige belgo-égyptien de 22 ans.
Mais Tamino, qui semble avoir très bien digéré ces influences, nous invite dans des territoires bien à lui.
Hérité du désespoir de Cohen et du chagrin d’Om Kalthoum, la tristesse que dégage l’album, ne s’impose jamais sans ce plus qui fait les grands albums : une authenticité et une fraîcheur inouïes…