"Les animaux fantastiques" ou l'art du spin-off

"Les animaux fantastiques" ou l'art du spin-off

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Les animaux fantastiques de J-K Rowling est un film emballé comme dans du papier cadeau pour un public passionné de Poudlard et ravagé par la pottermania. Un prequel promis et assuré par sa créatrice, auteure et désormais scénariste qui respecte ses engagements, surtout quand il s’agit de la qualité de son œuvre.

 

 

J-K Rowling, écrivaine un jour, démiurge toujours

 

En véritable démiurge, Rowling est celle qui a offert aux générations Y et Z ses plus belles lectures de jeunesse, de « Harry Potter à l’école des sorciers » au tout dernier « Harry Potter et les reliques de la mort ». L’auteure, dont le succès de l’œuvre littéraire n’a fait que s’ajouter à celui des adaptations cinématographiques, décloisonne l’univers potterien, une première fois pour la suite théâtrale « Harry Potter et l’enfant maudit » puis au cinéma, à nouveau, pour ce fameux spin-off de l’histoire de Norbert Dragonneau, auteur d’un célèbre ouvrage de zoologie très particulière, celle des animaux magiques, « fantastiques ».

Ici, J-K Rowling réussit une énième prouesse scripturale, revêtant désormais la double casquette d’écrivaine-scénariste. L’écriture des Animaux Fantastiques témoigne, gageant de la beauté de ses scènes, du brio des personnages sans prétention aucune, mais avec le charme en plus, d’une maîtrise d’un univers pourtant magique, mais que Rowling, en véritable démiurge, déploie à l’infini, comme d’un coup de baguette magique.

 

Un blockbuster à l’ancienne

 

Outre la main de fer rowlinguienne, l’émerveillement que procure in extremis un tel film, nous le devons également au travail du réalisateur David Yates. Le Britannique a déjà fait ses preuves, tant à travers l’univers d’Harry Potter (avec les quatre derniers films de la saga qu’il a dirigés), qu’avec le spectaculaire « Tarzan », sorti l’été 2016. »Les animaux fantastiques » est un blockbuster, en témoignent les entrées qu’il a drainées dans toutes les salles. Un film à succès, selon les critères d’Hollywood, est généralement un condensé d’actions, au rythme rapide, aux explosions qui se veulent extravagantes et ahurissantes. Recette type diraient certains, sauf qu’elle ne passe plus tellement, du moins chez le public des années 2000. Cette donne, Yates semble l’avoir prise en compte pour mieux l’inverser. Oui, « Les animaux fantastiques » est un film à succès, mais il est bâti à l’ancienne, dans la mesure où il offre au spectateur un récit tissé avec rigueur, appuyé par des plans où la sobriété côtoie la méticulosité. Un enchaînement de plans puis de scènes où l’on peut reprendre son souffle, après avoir ri, s’être ému ou avoir été émerveillé, surtout par l’énorme travail fait sur les images de synthèse de l’animalerie fantastique. Toutefois, et sans vouloir frôler le « spoil », la part belle est donnée aux explosions retentissantes qui réduisent New York en cendres et en miettes. Mais ce n’est là qu’un cliché que tout film à gros budget peine à contourner.

Le travail sur la narration et sur l’esthétique est à son apothéose avec le jeu d’acteurs, du rôle principal accordé à Eddie Redmayne (Danish Girl, Une merveilleuse histoire du temps, etc.) aux rôles secondaires, mais non des moindres avec Colin Farell, Johnny Depp, dont l’apparition dans le film se vit comme une hallucination, Katherine Waterston, Dan Fogler, Ezra Miller, etc. Tous ensemble nous offrent un jeu, où le charme dans son sens le plus littéral a révélé une maîtrise unanime des personnages complexes, dans un univers encore plus sibyllin.