Généralement, les lieux très touristiques, qui attirent les visiteurs par milliers ne m’ont jamais attiré, j’ai toujours préféré à ça de me perdre dans les ruelles des villes, et de me fondre au milieu de la population à la recherche d’endroits insolites, de scène de la vie de tous les jours, qui font découvrir un mode de vie, des traditions insolites, différentes, mais surtout touchantes et authentiques.
Malgré tout cela, une fois en Inde, je ne pouvais pas passer à côté de la visite de l’un des monuments les plus célèbres du monde, et l’un des chefs-d’œuvre universellement admirés du patrimoine de l’humanité, le Taj Mahal.
À partir de Delhi, j’ai pris le train jusqu’à Agra, à près de 200 km.
Arrivée dans la nuit sous une pluie torrentielle, je me suis précipitée à l’intérieur de l’hôtel avec en tête l’idée de me réveiller à l’aube pour admirer le Taj Mahal sous les lumières du lever du soleil et accessoirement éviter le flux de touristes qui risquent d’envahir les lieux plus tard dans la journée. Il faut rappeler que le Taj Mahal draine pas moins d’un million de visiteurs par an et près de 15 000 par jour !
6h du matin, en pleine forme mais affamée, je m’aventure dans les ruelles de la ville, me frayant un chemin entre les rikshaws en folies et les vaches errantes, à la recherche d’un endroit pour prendre mon petit déjeuner.
J’atterris dans un petit restaurant à la déco très kitch, mais propre et surtout climatisé, parce qu’en Inde, il fait déjà chaud et très lourd dès 6 h de matin.
Le propriétaire des lieux, un monsieur d’un certain âge, longue barbe blanche et large sourire qui ne quitte pas ses lèvres m’a souhaité la bienvenue et m’a tout de suite demandé, dans un anglais approximatif, d’où je venais.
À ma réponse Tunisia, je n’ai pas eu droit à l’habituel : Indonisia ? Mais, à ma très grande surprise, le monsieur me répond avec enthousiasme : Ah ! Tunisia! the land of Ibn Khaldoun!
Je fus comblée ! ma journée a bien commencé ! mon petit déjeuner indien dans le ventre, je pars, le pas rapide en direction du Taj Mahal.
Après les fouilles et le passage aux portiques de sécurité d’usage, on entre à travers une immense porte.
Un immense jardin moghol de près de 17 ha s’offre à nos yeux et, au milieu, trône le Taj Mahal, majestueux, imposant, fascinant.
Considéré comme l’un des joyaux de l’architecture indo-islamique et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Taj Mahal est en fait un immense mausolée funéraire érigé à la mémoire de Mumtaz Mahal, l’épouse favorite de l’empereur moghol Shah Jahan.
L’immensité, la beauté et la perfection du monument sont à l’image de l’amour que portait l’empereur pour sa défunte épouse, morte en couches en donnant au monde leur quatorzième enfant.
À la fin de sa vie, l’empereur tombe malade et ses fils qui se disputent le pouvoir finissent par l’enfermer dans une cellule d’où il pouvait apercevoir de loin le Taj Mahal, symbole de son amour éternel.
Entièrement en marbre et agrémenté de plusieurs inscriptions historiques et coraniques, des centaines de marbriers, mosaïstes, sculpteurs, peintres et calligraphes ont participé à la construction de ce chef-d’œuvre architectural. La tombe de Mumtaz Mahal se trouve à une extrémité du jardin et trône sur une plateforme surélevée.
Les visiteurs qui se comptent par milliers ne comprennent pas que des touristes. On voit des Indiens, des familles entières se promener dans les allées du jardin, poser pour des photos devant le Taj Mahal ou se reposer à l’ombre des arbres.
Des photos, on en prend, par dizaines, par centaine, on ne compte plus. Le Taj Mahal offre des dizaines d’angles de vue et de perspectives, on joue avec la lumière, les ombres, la symétrie, les reflets dans l’eau, on se prend au jeu et, le temps d’une visite, on joue aux photographes professionnels, et on adore ça.
Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo