Nous venons de l’apprendre à l’instant, la nouvelle confirmée par les députés fait de cette journée, une journée historique.
Nos législateurs semblent s’être réveillés d’un long sommeil, comparable à celui des 7 dormants, dont une certaine légende dit qu’ils étaient bien Tunisiens. Réalisant qu’on était en 2019, que différentes identités et orientations sexuelles existent, cohabitent et ne menacent ni l’ordre ni la société tunisienne centriste et modérée, que les homosexuels étaient des êtres humains bénéficiant de droits comme les autres et répondant à l’appel sensé de la société civile, nos 217 députés héroïques ont décidé de dépénaliser l’homosexualité.
Brandissant la constitution, en guise de « vade retro satana », au visage de la frange conservatrice de société tunisienne, l’ARP vient d’envoyer aux oubliettes l’art-230 du Code pénal et l’abominable test anal qui va avec. Notre source à l’assemblée (qui préfère rester anonyme) affirme que ce retard dans l’application de la constitution ne vient nullement d’une mauvaise foi ou d’un mépris de la différence. « Nous représentons le peuple dans sa totalité et s’il y a quelqu’un à blâmer, ce ne sont pas les députés, mais le bureau de l’ARP qui a distribué aux élus des constitutions avec des pages manquantes. Nous n’avons découvert l’existence des articles 21, 23 et 24 que dernièrement en consultant le document en format PDF sur le Net, nous affirme encore notre source. (les articles 21, 23 et 24 rappellent que l’État est garant des libertés, de la dignité, et de l’intégrité physique de l’être humain et qu’il protège la vie privée et l’inviolabilité du domicile).
Un autre député du parti au pouvoir, qui lui aussi a préféré rester anonyme, parce que ça fait classe, soutient qu’il a été outré d’apprendre que le Code pénal comporte des articles qui datent de l’époque coloniale : “un article de 1913 [l’art-230, NDLR], mis en place par les colons, je n’en reviens pas, la Tunisie est désormais un pays souverain !” a-t-il laissé tomber, avant de fondre en larmes.
L’ordre des médecins tunisiens s’est dit soulagé de ne plus avoir à répondre de cet “examen de la honte”. De son côté, le ministère de l’Intérieur et via son porte-parole, a exprimé “sa joie et son bonheur [sic]” : “nous allons enfin nous occuper de fléaux sérieux qui rongent notre société comme la corruption ou alors le harcèlement de rue. Tout ce que nous souhaitons c’est faire appliquer la loi” a-t-il soutenu.
La présidente de la COLIBE, Bochra Belhaj Hamida, en proie à l’émotion a préféré, quant à elle, s’exprimer uniquement par des “likes”, des “émojis” et des stickers » sur les réseaux sociaux. Si vous avez lu cet article en entier, vous avez certainement compris que c’était un poisson d’avril dès le départ, mais surtout, vers la fin.