Romancier et nouvelliste égyptien, traduit en 37 langues et lauréat de 17 prix internationaux, Alaa Al Aswany fait aujourd’hui l’objet de nouvelles poursuites en justice par le parquet général militaire de son pays.
La nouvelle a été confirmée dans un communiqué publié par sa maison d’édition en France, Actes Sud et par l’auteur sur ses comptes Twitter et Facebook.
Les accusations d’avoir exprimé des « insultes envers le président, les forces armées et les institutions judiciaires », portent notamment sur ses chroniques publiées en arabe dans Deutsche Welle, et plus précisément sur un article intitulé « Pourquoi ne comprenons-nous pas ce que le monde entier comprend ? »
Ils s’appuient également sur son nouveau roman « La République comme si », paru en français chez Actes Sud sous le titre « J’ai couru vers le Nil » et vendu à près de 30 000 exemplaires, mais banni dans tous les pays arabes y compris l’Égypte sauf en Tunisie, au Maroc et au Liban.
Né en 1957, Alaa Al Aswany, dentiste de formation, a révélé au monde des lettres par la publication de son roman « Immeuble Yacoubian » en 2002. Porté à l’écran par Marwan Hamed en 2006 et publié en France par Actes Sud la même année, l’opus est devenu un phénomène éditorial international.
Depuis la révolution égyptienne du 25 janvier 2011, El Aswany a pris une part active au « Printemps arabe » et s’est mobilisé avec des marées humaines sur la Place Tahrir dans une tentative d’éteindre la dernière flamme de la dictature.
Une expérience qui lui a inspiré son roman « J’ai couru vers le Nil » qui représente la propre vision d’Al Aswany de la révolution égyptienne de 2011.
Loin d’embellir la réalité sombre et cruelle, Al Aswany dévoile dans son roman, des scènes de torture qui reflètent une atrocité et un réalisme écœurants.
Ce n’est pas le premier déboire pour l’écrivain avec le régime égyptien. Ça fait déjà cinq ans qu’il a été interdit d’accès à la télévision et de toute sorte de collaboration avec la presse égyptienne.
Alaa Al Aswany, qui vit aujourd’hui aux États-Unis où il enseigne la littérature, craint pour ses proches qui résident en Égypte et redoute qu’ils subissent des représailles.
Considéré comme une des voix les plus écoutées dans le monde arabe et au-delà, Al Aswany a souligné dans sa chronique du 19 mars à la DW, qu’il poursuivait son combat contre la tyrannie malgré tout : « Si mon crime est d’exprimer ouvertement mes pensées, j’en suis fier. Ce que vous considérez comme un crime est considéré comme un devoir de l’écrivain et de son honneur, et je continuerai à le commettre jusqu’à la fin de sa vie. »