La femme mirage est un film de Khalil Ben Romdhane, plusieurs fois primé à l’étranger. C’est un court-métrage documentaire de 15 minutes qui suit Nawara Ouertani, une femme chargée de nettoyer les stations de métro.
Ceux qui portent la ville sur leurs épaules sont un mirage. Ils sont invisibles, inaperçus. Ce sont des citoyens de seconde zone. Ceux qui nettoient nos rues, enlèvent les mégots de cigarettes que d’autres jettent aussitôt après. Ceux-là, on ne les voit pas, pourtant, ils passent tous les jours sous notre nez, depuis l’aube et jusqu’au crépuscule et si vous n’êtes pas content de la propreté de la ville, ce n’est certainement pas leur faute.
Le synopsis de la femme mirage, un court-métrage documentaire, est simple : « Une journée de travail d’une femme âgée sur le point d’avoir sa retraite, dans une station de métro en plein centre-ville de Tunis ».
Nawara a la soixantaine, elle habite la banlieue de Tunis, elle est divorcée et doit s’occuper d’une partie de sa famille. Son travail consiste à nettoyer les rails, les quais, les guichets du métro tunisien. Durant 15 minutes, Khalil Ben Romdhane, jeune réalisateur tunisien, braque sur elle sa caméra. Le portrait de cette battante, qui oscille entre dépit et résignation se dessine doucement.
Deux mondes, deux vitesses, entre la célérité de la ville et l’immobilité de Nawara dont les journées sont un éternel recommencement, la différence est énorme et se fait sentir.
Parmi les contradictions marquantes dans ce court-métrage, le désir de Nawara de prolonger son « calvaire ». Malgré la fatigue des journées à nettoyer sans répit, à faire face au mépris, la femme ne veut pas partir à la retraite, elle a besoin de travailler et multiplie les demandes… sans réponse.
Primé dans deux festivals, celui français de Génération Court où il a eu le prix Stéphane Hessel et le prix du public et celui bruxellois de Aflam du Sud où il a reçu le prix du jury, le film a aussi été projeté lors du forum social mondial au Canada.
Jeune diplômé de l’ESAD, Khalil Ben Romdhane pense que le premier objectif d’un réalisateur est de faire parvenir un message important à son public. Dans la « Femme Mirage » le message est clair, il a été la voix de ceux qui n’en avaient pas, sa caméra a observé pour nous, une femme invisible à nos yeux… une femme mirage.