L’un des premiers grands hôtels de la Tunisie post-colonialiste et sans doute l’hôtel à l’architecture la plus originale ! L’Hôtel du Lac est une pièce majeure de l’échiquier urbain du centre-ville de Tunis et il semble que ça ne va plus durer pour longtemps...

Histoire de l’édifice en triangle inversé

Ce fameux bâtiment continue d’intriguer par sa forme unique, mais peu de personnes se posent des questions sur son devenir. Il a été conçu en 1973 par l’architecte italien Raffaelle Contigiani, qui a repris le thème de pyramide inversée qu’il avait déjà exploré en 1954 dans son projet de pavillon italien pour la foire de Zagreb. Il donne l’impression d’un équilibre instable et a marqué le centre-ville de Tunis en s’inscrivant, avec sa construction comme pièce très caractéristique du courant brutaliste (style architecturale très populaire durant la période allant des années 50 aux années 70). C’est un hôtel d’une capacité de 416 lits, entièrement climatisé et présentant deux façades rideaux importées d’Autriche. Les façades latérales elles, prennent la forme complexe des escaliers de service placés aux extrémités du bâtiment. La structure (en béton et acier) repose sur des fondations composées de 190 pieux en béton armé. Cet ancien hôtel est placé à cinq minutes de la Médina et à dix minutes de l’aéroport de Tunis-Carthage et représente donc un atout immobilier plus que stratégique. Pour l’anecdote, cet hôtel aurait apparemment inspiré les sandcrawlers, véhicule de transport fictif de l’univers Star Wars que l’on retrouve sur la planète désertique Tatooine.

C’est malheureux de savoir qu’il va bientôt être démoli suite à son rachat en 2013 par la Libyan Arab Foreign Investment Company, qui souhaite construire à sa place un hôtel de luxe... À quel prix allons-nous vendre notre patrimoine architectural ? Au prix du luxe. L’invité du Grand Journal des Arts, Sami Aloulou (de l’association Édifices et mémoires) nous en a parlé ce midi (15/02/2018) et a expliqué l’importance de cette œuvre architecturale issue du mouvement brutaliste, en soulignant notamment son importance auprès d’une communauté d’architectes internationaux.