L’indomptable Raja Ben Ammar tire sa révérence

L’indomptable Raja Ben Ammar tire sa révérence

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Ce matin, le théâtre tunisien s’est réveillé endeuillé par la perte d’une grande dame qui a participé à construire son histoire contemporaine. Ce matin, au réveil, Raja Ben Ammar n’était plus là.

 

Celle qui en 1979 a mis en place avec Taoufik Jebali, Moncef Sayem et d’autres le Théâtre «Phou», troupe indépendante, qu’elle a fini par installer en 1993 à Mad’Art, un espace qui ne cesse depuis d’héberger des manifestations culturelles en tous genres. Celle qui a été une lumière dans la nuit du théâtre tunisien au temps de la dictature, s’est éteinte hier alors qu’elle subissait une opération du cœur.

 

Sa contribution au développement du théâtre tunisien en introduisant la danse-théâtre qui questionne le corps dans ses différents états, ses différentes situations, est des plus importantes. Raja Ben Ammar a aussi travaillé sur la danse contemporaine à laquelle elle a dédié des journées pour promouvoir la création chorégraphique.

 

Depuis l’école, en passant par Munich où elle a fait l’école Maximilien, par le Kef où elle a fait partie de la troupe de théâtre sous la direction de Moncef Souissi, par Tunis où elle a rejoint la compagnie Nouveau Théâtre avec Fadhel Jaïbi et jusqu’à ce qu’elle mette en place le «Théâtre Phou», Raja Ben Ammar, a été une passionnée du 4ème Art et sa passion ne l’a jamais abandonnée.

 

Comédienne, danseuse, femme de théâtre, ses talents multiples ont marqué les esprits autant des amoureux de cet art que des profanes avec sa force de caractère, sa rébellion, son militantisme et sa performance.

 

Apparue à quelques rares occasions au cinéma comme dans Halfaouine de Boughedir ou dans Avril, un court métrage de Raja Amari, elle s’est consacrée presque exclusivement à la scène.

 

Araq, El Amal, L’ombre et la lumière, Réveille-toi, Hawa Watani (monodrame qu’elle a joué à Damas) Tabba, facebook, Fenêtre sur… que des œuvres poignantes où la recherche, l’expérimentation, les questionnements et la critique ont toujours été présents.

 

«Je me sens en convalescence, comme si j’étais longtemps malade… comme s’il y avait un voile entre nous et la réalité… comme si les portes de notre perception étaient fermées» disait-elle, un certain mars 2011, à propos du changement survenu en Tunisie.

 

Cette convalescence aura été le carburant qui a maintenu vive la flamme de cette amoureuse de la vie, jusqu’à ce qu’elle tire sa révérence, hier.

 

Aujourd’hui, Mad’Art a décidé de garder ouvertes ses portes car Raja n’aurait pas voulu qu’elles ferment.

 

«Raja est partie en souriant...

À ses souhaits et en hommage à son amour pour la vie, les portes de l’Espace Mad’art resteront ouvertes et les programmes annoncés à partir de 16 h sont maintenus» Ciné Mad’Art.

 

 

Crédit vidéo : Canvas TV