Pour sa deuxième édition, « Ksayer wou Yhayer » (court et étonnant) a sélectionné pour nous 5 des meilleurs courts-métrages de jeunes réalisateurs tunisiens.
Ils sont jeunes certes, ils n’ont probablement pas toujours les moyens de réaliser de longs-métrages, mais cela ne les empêche pas d’être créatifs et de se pencher sur les sujets qui leur tiennent à cœur dans un format différent : le court-métrage.
Primés lors de festivals internationaux, les 4 réalisateurs dont les films ont été sélectionnés pour Ksayer wou Yhayer 2 nous emmènent dans leurs univers différents et on peut dire que le voyage est intense côté émotions.
35mm et On est bien comme ça de Mehdi Barsaoui
Mehdi Barsaoui a eu le Muhr du meilleur court-métrage lors du festival international du film de Dubaï pour « On est bien comme ça ». Ce court-métrage est dans la sélection de Ksayer wo Yhayer avec « 35 MM ».
Ce dernier a été tourné dans le cadre du 50e anniversaire des JCC quand le CNCI a décidé de lancer, sous le signe de « Raconte-moi tes JCC », la production de 8 courts-métrages qui racontent le festival avec ses aspects multiples.
Le film, qui dure 9 minutes, est une comédie interprétée par Mouna Noureddine, Sondos Belhassen et Noomene Hamda.
« Ne jamais se fier aux apparences, elles peuvent souvent être trompeuses… » nous dit le synopsis de cette comédie où la vieille voisine se transforme en braqueuse armée, exaspérée par les querelles d’un couple.
9 minutes d’aventure où le spectateur suis, à l’arrière de la voiture, les péripéties d’un mari soumis et d’une femme râleuse. La fin vous arrachera le sourire et vous rappellera peut-être des souvenirs des JCC.
Dans un style totalement différent, « On est bien comme ça » se penche sur les rapports entre membres d’une même famille où la complicité née entre un grand-père et son petit fils fait évoluer les choses.
« Baba Azizi est un vieil homme que la maladie n’a pas épargné. Trimballé de maison en maison entre ses différents enfants, il se retrouve chez sa fille pour y passer quelques jours. Un énième calvaire en perspective… sauf que les choses ne vont pas se passer comme il s’imaginait ».
Nouri Bouzid, qui se prête volontiers au jeu d’acteur, nous mène durant 19 minutes au gré des caprices de son personnage de vieil homme qui se cache derrière la maladie. Le jeu subtil de Youssef Mrabet nous prend d’affection pour son personnage de petit-fils qui réussit à prendre le dessus sur le grand-père et entreprend de combler les brèches qui séparent les membres de sa famille.
Khalaa de Maher Hasnaoui
« Khalaa » de Maher Hasnaoui nous emporte dans un univers différent, mais tout aussi touchant. D’ailleurs le point commun entre tous les courts-métrages choisis est cette émotion qui saisit le spectateur, tantôt pour le faire rire, tantôt pour lui arracher une larme.
C’est du côté des enfants de rue qui, exploités, font tout ce que des enfants de leur âge ne doivent pas faire : voler, arracher des bijoux, etc. que ça se passe.
Les conditions difficiles finissent par tisser entre Khalaa et Monta (les deux personnages principaux) des liens plus forts que ceux du sang. Malgré leur jeune âge, les deux acteurs tiennent un jeu juste et convaincant.
Le film a déjà été primé en Tunisie, en France et en Allemagne.
Peau de colle de Kaouther Ben H'nia
« Peau de colle », un court-métrage de 23 minutes réalisé par Kaouther Ben Hnia raconte l’histoire de Amira, 5 ans, qui n’aime pas l’école. Pour ne pas y aller, elle trouve une idée imparable, qui va au-delà de ses espérances ».
Le personnage principal du film est joué par Yasmine Ben Amara, à la fois malicieuse et attachante. Entre son bras de fer avec le « Meddeb » et le chagrin dû à la disparition de son papa, Amira s’impose du haut de ses 5 ans et trône sur son fauteuil qu’elle ne quitte plus grâce à la super glue.
« Ce film, je désirais vraiment le faire pour renouer de nouveau avec cet enfant que j’étais il y a bien des années et qui aurait bien aimé être sur un trône imaginaire au lieu d’aller au Koutteb. » raconte Kaouther Ben H’nia.
« Peau de colle » a obtenu le Tanit d’or des JCC en 2014.
Pousses de printemps d'Intissar Belaïd
« Pousses de printemps » d’Intissar Belaïd est le court-métrage qui clôture la séance, mais comme on dit « last but not least ». Premier prix du CNCI aux JCC de 2014, le film raconte la révolution tunisienne à travers les yeux des enfants.
Dans la campagne Keffoise, les enfants racontent la révolution avec leurs morts. À travers leur perception des choses, ils décrivent une Tunisie que la réalisatrice reprend avec des séquences d’animation 3D qui ponctuent le film.
Les images qui ressortent à travers la description des enfants sont surprenantes et intéressantes. Les paysages de fond sont, quant à eux, sublimes.
À partir du 22 janvier, Ksayer wou Yhayer sera projeté dans plusieurs salles de cinéma du pays, et comme on n’a pas souvent l’occasion de voir des courts-métrages, il ne faut pas rater ce rendez-vous.