Khalti Khadhra est un recueil de mots, mais pas que. Il rassemble poésie et dessins pour transmettre en force les messages du poète Mohamed Doggui et du caricaturiste Anis Mahrsi.
Le pouvoir des mots est inégalable. Par les mots on exprime les émotions, les sentiments, la pensée et les idées, par les mots on grave dans la roche et à jamais ce qu’on dit, car les mots sont indélébiles. C’est là que se trouve tout le sens du recueil Khalti Khadhra.
Mohamed Doggui est enseignant d’Espagnol à la faculté de lettres de la Manouba, il a toujours écrit en espagnol et ses textes ont été primés en Espagne et en Argentine.
Il a eu le prix littéraire par la Casa Araba pour son roman Alizeti, il a été nommé lauréat du prix littéraire « Cuentos del Estrecho » en Espagne et a eu la mention d’honneur « Juegos Florales de Primavera » en Argentine. Mohamed Doggui est aussi animateur du programme en langue espagnole à RTCI.
L’homme est porteur de la cause nationaliste en général, il croit en la révolution tunisienne en particulier et croit aussi en la contre-révolution qui tente de bloquer tout processus de changement dans le bon sens.
Sa critique nous dit-il, ne s’adresse pas à une couleur politique précise ni à une idéologie, mais plutôt à ceux qui font du mal à la Tunisie, indépendamment de leur appartenance.
Il décrit Khalti Khadhra comme une « aventure littéraire par laquelle il participe à ce qui se passe en Tunisie ».
Cette aventure a débuté sur les réseaux sociaux comme une « intifida ». « Je jette une pierre tous les jours aux ennemis de Khalti Khadhra. Des ennemis extérieurs, mais surtout intérieurs », affirme l’auteur du recueil.
Pour cet amoureux de Pablo Neruda, de Mahmoud Darwich de Léo Ferré ou encore de Hédi Guella, la littérature a un grand pouvoir, celui de déstabiliser les ennemis des libertés, de la démocratie et du progrès.
La Poesía Es Un Arma Cargada De Futuro (la poésie est une arme chargée de futur) Gabriel Celaya
Le livre Khalti Khadhra (en référence à la Tunisie) est un recueil de prose et de poésie dans lequel Mohamed Doggui a collaboré avec le caricaturiste Anis Mahrsi.
Le caricaturiste s’inspire des textes du poète pour dessiner, et tous deux, tirent à boulets rouges sur ces maux qui rongent le pays comme la corruption, le népotisme, la dette, les inégalités de toutes sortes… le dessin adhère à la prose et apporte même un plus parfois.
Des caricatures qui sont pour la plupart en noir et blanc « nous vivons en noir et blanc, un jour viendra où nous vivrons en couleurs » relève le caricaturiste du recueil, Anis Mahrsi.
Entre les deux hommes, un courant est passé et l’affinité dans l’engagement et la sincérité les a réunis pour donner naissance à une œuvre où le texte et les illustrations vont ensemble sans déphasage.
La satire dont use Khalti Khadhra est un genre de composition littéraire fait de poésie et de prose et qui vise à critiquer les défauts, les vices et les aberrations de la société et des individus.
En Tunisie, ce genre a bel et bien existé avant l’indépendance, avec notamment une presse satirique qui s’en prenait régulièrement à colonisation. C’est un genre qui n’a pas toujours eu la vie facile, notamment sous les dictatures, mais qui semble reprendre du poil de la bête.
En attendant, Mohamed Doggui nous promet un deuxième tome de Khalti Khadra. Affaire à suivre...
Crédit photo cover : Hajer Boujemâa