Contrastant avec la structure nucléaire, circulaire/concentrique de la médina, la nouvelle ville, dite européenne ou coloniale s’est imposée par une structure régulière dont les deux principaux axes ont été l’avenue de la Marine et celui de l’avenue de Carthage, reliant le Belvédère à la colline de Sidi Belhassen.
L’avenue de la Marine qui prit en 1900 le nom de Jules Ferry a surtout été pensée comme un espace public, cet élément étant quasiment absent dans la vieille ville. L’avenue de La Marine fit donc office de promenade. Plus tard toute la ville évoluera autour de cet axe.
La promenade est citée dans bon nombre de textes et par plusieurs écrivains français. Chateaubriand en parla : « Des bords du lac, pour arriver à Tunis, il faut traverser un terrain qui sert de promenade aux Francs ».
Paul Arène aussi la décrit dans Vingt Jours en Tunisie : « Le soir de six heures à sept heures, tout le monde se promène dans la marine, qui est une superbe et large allée filant droit de la porte de Bab–el-Bhar au lac et aux Docks. À l’entrée sont les constructions neuves de la colonie européenne, de grands hôtels et des cafés, la compagnie transatlantique, la poste, le consulat, le palais du résident français, une église. Mais les maisons s’abaissent peu à peu, et l’on est bientôt dans une espèce de campagne çà et là bordée de bicoques et de débits…”.
Tunis, du temps du protectorat et du mouvement national, figure aussi dans les récits d’écrivains tunisiens qui en firent le théâtre de leurs récits, tels que Nine Moati dans « Les belles de Tunis », Albert Memmi dans « Le Pharaon » ou encore Gilbert Naccache dans « Il pleut des avions ». Il va sans dire que l’on ne peut voyager dans le temps pour voir le visage de Tunis changer et épouser différentes époques sans passer par le travail de Paul Sebag « Tunis, histoire d’une ville ». Chaque époque ayant engendré une conjoncture économique et sociale qui entraîna des dynamiques démographiques traçant le visage de la ville : quartiers bourgeois bigarrés, quartiers accueillant telle ou telle confession, faubourgs à la périphérie, Tunis a subi les politiques urbaines de différents gouvernants et époques.
Moyennant une carte de 1950, nous nous sommes proposé de retrouver ces rues d’aujourd’hui et d’hier dans la mémoire de ceux qui y ont habité et de ceux qui les ont étudiées, aimées, citées…