Janis Joplin, spleen et héroïne

Janis Joplin, spleen et héroïne

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Un timbre de voix unique, criant, puissant, rocailleux, mais maitrisé à l’octave près. Animée d’une passion contagieuse et chavirante, la chanteuse Janis Joplin a marqué les cœurs et les esprits de toute une génération. Malgré une vie courte et intense, la « Mama Cosmique » fut une véritable comète parmi les étoiles.  

 

Il est de coutume d’attribuer des titres à tous les grands de ce monde. «Roi ou reine de... », ils viennent accompagner le nom du ou de la chanteuse comme un gage de qualité, un élément rassurant qui garantit l’excellence et le bon goût. Janis Joplin aura hérité de « Mama Cosmique » ou encore de « Pearl », comme le nom de son dernier album sorti à titre posthume. Ce n’est pas tout. Le très sérieux magazine Rolling Stone, référence dans le milieu, l’a classée 28ème sur 100 dans la liste des plus grands chanteurs de tous les temps. Une dernière pour terminer de vous convaincre. Elle est décédée d’une overdose le 4 octobre 1970 à 27 ans, à quelques mois d’intervalles de Jimi Hendrix et Jim Morrison (les trois «J»), ajoutant peu plus à la légende du club des 27 et à son mythe personnel.

 

 

Cette texane de naissance a commencé à chanter dans la chorale du lycée. Mais n’imaginez pas une jeune pompon girl bien lisse. A cette époque déjà elle était, et se sentait bien différente.  Et tout le monde sait (pour avoir été modelé par l’esthétique des films hollywoodiens) que les adolescents ne sont pas tendres avec ceux qui sortent du lot. « Pig », « Freak » ou encore « Creep », Janis Joplin est bien loin de la « Mama Cosmique ». Ce ne fut pas plus beau à l’Université où elle fut élue « garçon le plus laid » du campus. Impertinente. Le succès fut sa revanche de ce théâtre des cruautés, Joplin poussant le vice jusqu'à retourner à une réunion d’anciens élèves de sa fac pour briller au sommet de sa gloire. De toute façon ce n’est pas grave pour la fac et les études, elle préfère donner des concerts le soir dans les bars et les clubs plutôt que de suivre les cours.

 

 

1963, Janis Joplin décide de quitter le Texas en auto-stop pour conquérir sa liberté ou fuir des vieux démons qui la poursuivront inlassablement jusqu’à la fin (tout dépend de si vous préférez voir le verre à moitié vide ou à moitié plein). Fureur de vivre selon ses règles, Janis Joplin entretient une relation amoureuse avec Jae Withaker, une jeune lesbienne afro-américaine.  Un an après, elle fréquentera une autre femme, Linda Gottfriend, et à mesure que leur amour grandit, leur consommation de drogue aussi. Amphéts, héro, speed, alcool (avec une petit coup de cœur pour le Southern Comfort – une liqueur à base de bourbon)... Janis Joplin maitrise déjà le kit de la parfaite rock star. À partir de 1966, elle fut la chanteuse du groupe de rock psychédélique Big Brother And The Holding Company – c’est avec eux qu’elle emprunta la route de la gloire. Et c’est le début de la fin.  Plus tard, en 1969, pour accompagner sa voix, elle se fera épauler par le « Kozmic Blues Band » mais à ce moment, elle consomme également environ 200 dollars d’héroïne par jour...   On aurait voulu simplement vous parlez de ses prestations époustouflantes, notamment

, de sa voix bluesy au timbre si singulier, mais malheureusement la drogue fait partie intégrante de sa vie. Et pour cause. Un jour, la jeune junkie s’est rendue à la banque pour retirer de l’argent, mais l’agent lui refuse puisque celle-ci n’a évidemment pas ses papiers d’identité. Furieuse, Joplin sort de la banque, se rue dans le premier kiosque à journaux et se munit d’un magazine, où son visage figure en couverture. Elle le brandit sous le nez du banquier qui finira par lui donner l’argent....

 

 

Femme à femmes et à hommes aussi, on lui connaît des aventures avec Jimi Hendrix, Leonard Cohen (qui a écrit en son honneur la chanson Chelsea Hotel No.2), Jim Morrison et même, lors d’un passage à Londres, avec Eric Clapton. Il n’empêche. Janis Joplin a le féminin abimé - malgré les boas de plumes colorés et les accessoires bariolés qu’elle arbore fièrement lors de ses prestations et qui feront d’elle un symbole du Flower Power des années 1960. Peut-être que la femme forte que l’on imagine n’est qu’une illusion... Véritable bête de scène enragée, sa sœur raconte pourtant dans un livre que Janis dans le civil était timide, réservée, bref, très loin de l’image de la femme sans failles et sans faiblesse que l’on connaît. Son biographe Jean-Yves Reuzeau dévoile que c’est par peur de la scène que Janis boit. Pour se désinhiber.  Au point de s’approprier cette phrase de Sinatra, "en fait, je suis pour tout ce qui peut aider à survivre un jour de plus, que ce soit une prière, des tranquillisants ou une bouteille de Jack Daniel’s", remplaçant seulement le Jack Daniel’s par du Southern Comfort.  États dépressifs, anxieux, «douleur de vivre»... Seule la perspective d’enregistrer son album «Pearl» aves son groupe le Full Tilt Boogie Bang l’enthousiasmait.

 

 

Le 3 octobre 1970, Janis Joplin et son groupe sont presque au bout de l’enregistrement de l’album «Pearl». Le lendemain, elle doit retourner au studio pour enregistrer la partie vocale du titre «Buried Alive In The Blues». Les choses ne se passeront pas comme prévu. Dans la nuit du 3 au 4 octobre, à 1h40 du matin précisément, elle succombe à cause d’une surdose d’héroïne trop pure, mélangée à trop d’alcool. Seule dans sa chambre du Landmark Hotel, elle ne sera retrouvée qu’à 19h par son producteur. Parlant souvent du suicide, ayant perdu de nombreux amis (Jimi Hendrix mourrait deux semaines avant), Janis Joplin sentait la mort roder autour d’elle et avait pris ses dispositions. Elle avait confié à son notaire une somme de 2 500 dollars pour organiser une grande fête en sa mémoire en cas de décès prématuré. Celle-ci aura lieu le 26 octobre au Lion’s Share. Et sur le carton d’invitation figurait «Drinks are on Pearl»... Quatre fois disque de platine, 1ère place du billboard 200 pendant 9 semaines, l’album «Pearl» a marqué les esprits...