Ifriqiyya Electrique : du fin fond du sud tunisien le son qui cartonne dans le monde

Ifriqiyya Electrique : du fin fond du sud tunisien le son qui cartonne dans le monde

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Ifriqiyya Electrique est un projet où la Banga, une musique confrérique, un rituel mystique et un langage musical à part entière, se marie à des sons électroniques. Le mariage n’altère en rien l’authenticité de la musique ni celle du chant, il se fait dans le respect total de leur nature.

 

Le groupe qui vient de sortir son premier album “Rûwâhîne”, paru le 26 mai, a été formé à l’initiative de François Cambuzat. Ce musicien qui vient d’un univers plutôt rock a vu dans la Banga beaucoup de similarités avec la trance. L’introduction d’instruments comme la basse ou la guitare en symbiose totale avec le chant et les instruments métalliques de la Banga, ne fait que confirmer “le caractère international et actuel de cette musique qui ressemble à la techno et au rock” nous explique Cambuzat.

 

L’artiste a déjà travaillé en Tunisie avec l’orchestre de la Rachidia en 2010. Il a également collaboré avec le musicien Lotfi Bouchnak pour de multiples œuvres comme “Lemtach”  avec l’Enfance Rouge ou encore “Rouhaniat”.

 

“Ce qui m’intéresse depuis des années, ce sont les musiques d’élévation” nous dit-il. Son aventure a commencé en Mongolie où il a rencontré les Ouïghours, qui pratiquent le chamanisme. Ensuite une de ses amies, ethnologue ‘Amel Fargi” lui parle de la communauté Banga du Djerid qu’elle étudie depuis des années. Pour lui, c'est un coup de foudre.

 

Ce rituel a lieu une fois l'an, en juillet à Sidi Marzoug. La Banga est un rituel adorciste. Le corps et l’esprit qui le possède, cohabitent en paix grâce à la transe provoquée par les rythmes et la danse.

 

Ce cérémonial n’a rien de théâtral, il est spontané et se fait via une "organisation sociale parfaite", ce qui n’a pas manqué de séduire l’artiste.

 

La communauté s’élevant à des centaines de personnes, seuls 3 membres ont rejoint le groupe Ifriqiyya Electrique “j’aurais adoré les emmener tous” commente Cambuzat. Le groupe se compose de Tarek Sultan : voix, tabla, tchektchekas, Yahia Chouchen : voix, tabla, tchektchekas, Youssef Ghazala : voix, tchektchekas
, Gianna Greco : voix, bass, computer et de François R. Cambuzat : voix, guitare, ordinateur. Il arrive que  Ali Chouchen prête sa voix aux enregistrements.

 

La Banga a une dimension identitaire, sociale et culturelle, elle est propre à la communauté noire de Nefta. C'est l'héritage des descendants des Haoussas, un peuple originaire du nord nigérian.

 

Le groupe s’est produit l’année dernière sur quelques scènes tunisiennes à Hammamet, au Kef et à Tozeur. Leur spectacle est multimédia, il comprend une projection d’un film en concert. Le film montre le rituel et suit la communauté Banga à Nefta.

 

Aujourd’hui, avec des moyens limités, la maison Glitterbeat Records qui produit le disque, ne communique pas assez en Tunisie sur son projet. Pourtant le groupe a été invité cet été par des festivals prestigieux comme le Womad, le Roskilde, FMM, “il a été sélectionné pour participer au Womex 2017*” nous annonce François Cambuzat.

 

*Le Womex est le World Music Expo, il se tiendra en Pologne du 25 au 29 octobre.

 

 

 

 

Chanson Arrah arrah abbaina - crédit vidéo : GlitterBeat Tv

 

 

 

 

 

le film Ifriqiyyia Electrique 

Crédit photo cover : Renaud de Foville