Pour sa sixième édition, Hors-Lits s’est installé de manière éphémère dans les maisons du Kef ce dimanche 16 avril. C’est dans une atmosphère lumineuse et conviviale que les participants, essentiellement des habitants du Kef ont pu découvrir trois performances dans trois lieux, dont deux, qui sont normalement inaccessibles au public.
Le départ s’est fait de la Kasbah guidés par un très jeune garçon (6 ans) qui a pris son rôle très au sérieux, ce qui n’était pas pour déplaire aux organisateurs. Slim Ben Safia, l’instigateur du projet Hors-Lits en Tunisie s’est mis en retrait laissant le petit homme nous emmener dans les ruelles intemporelles de cette ville au charme envoûtant.
La ballade commença donc avec des airs d’un film de Fellini. Le public bruyant et intrigué au début s’est retrouvé dans la maison d’hôte Boumakhlouf, baignée d’un air d’opéra, où, du haut du patio ils ont pu assister au spectacle de dance venu de France présenté par William Petit, le maître des lumières et du danseur énigmatique Carlos Morina Llorens. Le sol couvert de papier d’aluminium renvoyait aux participants leur propre image et dédoublait les mouvements inquiets et inquiétants du danseur. Ils furent par la suite conviés à investir l’espace et à participer à la performance dans une atmosphère surprenante.
Le deuxième arrêt se fit dans une maison de particuliers non loin de la Synagogue de la Ghriba où le jeune Omar Sfaxi s’est improvisé conteur. Bien que son texte de Slam ait été un peu décevant, les auditeurs ont été impressionnés par son assurance et la justesse de ses idées.
Last but not least, sur le toit d’une vieille demeure qui a certainement connu des jours meilleurs, en bas de la vieille ville est apparu le danseur et chorégraphe tunisien, vivant et travaillant en Allemagne Seif Mannai. Enveloppé des poèmes irrévérencieux de Bukowski, Seif Mannai a révélé une personnalité forte nourrie d’une grande maîtrise technique. Il a su jouer avec l’espace et le danger de la hauteur. N’ignorant jamais son public, il a su avec talent créer une émotion certaine. Maîtrisant l’art de l’apparition et de la disparition, ce jeune danseur a investi l’espace, la lumière fuyante du crépuscule ainsi que le vent qui balayait le ciel de la ville.
C’était donc une expérience unique et précieuse. Nous espérons que le projet Hors-Lits continuera cette aventure dans toutes les villes de la Tunisie et nous fera découvrir d’autres artistes et d’autres lieux.