Hommage à Fela Kuti, « Black President » et icône afro-planétaire de légende !

Hommage à Fela Kuti, « Black President » et icône afro-planétaire de légende !

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Le panafricanisme est l’une des idéologies les plus chantées et dansées, on y entend encore résonner les sons du maître de l’afrobeat, Fela Kuti, ayant l’une des écritures les plus critiques envers les régimes africains de l’époque. 

 

Par où allons-nous commencer ?

 

Fela est tout simplement un incroyable virtuose, sax symbole et chef d’orchestre, faisant naître à chaque possibilité un chef-d’œuvre musical, qu’il construit harmonieusement avec une vingtaine de musiciens, choristes et danseuses. Son engagement politique reste tout autant admirable, qu’il soit de nature artistique ou à travers son activisme, Fela en a marqué plus d’un !

Son bébé, l’afrobeat, est essentiellement une fusion d’éléments afro-américains tels que le jazz et le funk, mélangés aux musiques traditionnelles d’Afrique occidentale ainsi qu’une touche de rythmes yoruba. Né dans un climat politique oligarchique à tendance népotiste, ce genre musical aux rythmiques captivantes a su s’imposer comme hymne dansant des révoltés.

 

Culture musique :

 

Les « ’protest songs »’ du Black President ont fleuri du contexte politico-historique et socio-culturel de l’époque. Entre corruption exponentielle au Nigéria et une Afrique chroniquement souffrante, les visionnaires libres de l’ère néo-colonialiste en avaient marres.

Pour bien vous introduire, on vous présente ci-dessous la chanson Zombie, de l’album éponyme :

 

 

Cette chanson est un hymne antimilitariste pur et dur dans lequel on observe un Fela maîtrisant totalement son orchestre de manière à bien placer ses pensées… On y entend un message d’attaque humoristique et décalé, critiquant les méthodes de l’armée nigériane qui obéissait aveuglément à l’agenda politique de la junte d’un pays en pleine croissance économique, grâce (et à cause) du boom pétrolier. En réaction, le gouvernement a envoyé un bataillon à la Kalakuta Republic (propriété de Kuti), qui a mis à sac le lieu (destruction de matérielles, viols de certaines choristes...), tabassant Fela et défenestrant aussi sa mère, qui meurt tragiquement de ses blessures quelques mois plus tard. Fela et son groupe Africa 70 ont répliqué en envoyant un cercueil devant la caserne militaire du pays, un acte de protestation presque suicidaire, chanté plus tard dans l’album 

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Fela Kuti & ses Queens (choristes et épouses) - il a épousé 27 femmes - à l’Afrika Shrine, son club mythique dans la mégalopole nigériane.

 

L’image que vous voyez ci-dessus présente un lieu légendaire, source d’expérimentation musicale au cours de soirées qui agitaient l’ensemble de la jeunesse lagossienne ; le Shrine cache une multitude d’anecdotes, il s’inscrit notamment dans le passé politique violent du pays. Femi Kuti, fils aîné de Fela qui poursuit le combat de son père, a confié que 4 ans après le raid de la Kalakuta Republic, la junte a encore une fois frappé en menottant Fela, le faisant saigner de la tête aux pieds avant de l’emprisonner, un acte qu’il avait l’habitude de vivre. Femi a affirmé que son père était apprécié pour sa détermination face à la brutalité, qui aurait pu conduire n’importe quel autre individu à demander l’asile politique.

 

Héritage de l’Afrobeat :

 

Fela, décédé il y’a 21 ans, nous a légué une immense discographie de 77 albums dont les beats hypnotiques ont envahi les 5 continents ! Musicalement parlant vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer. Le genre s’est propagé et a gagné en popularité suite à la réédition de sa musique, mais pas que, ses fils Femi et Seun sont aussi des musiciens qui dénoncent l’état du monde moderne. Si vous voulez découvrir plus d’artistes, on recommande le groupe Antibalas, l’album Progress de Tony Allen & Africa 70 où encore l’artiste Orlando Julius.  

Pour terminer, on vous offre ci-dessous le documentaire Finding Fela ! d’Alex Gibney, qui retrace musique et combat politique/social du génie africain sur deux formats différents : Le spectacle de Broadway sur Fela Anikulapo Kuti ainsi que des archives de ses déclarations.

 

 

 

Dénonciateur de l’oppression et combattant singulier de la liberté, on retient de cet homme le courage d’avoir osé la démocratie et les droits de l’Homme en Afrique… Long Live Fela !

 

“Music is the weapon. Music is the weapon of the future.” - Fela Anikulapo Kuti