The Handmaid's Tale, la série que vous devez absolument voir

The Handmaid's Tale, la série que vous devez absolument voir

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Le best-seller de Margaret Atwood, « La servante écarlate » a été adapté à la télé. Ce n’est certainement pas la première adaptation, mais l’une des plus intéressantes. La série a été diffusée récemment sur la plateforme Hulu.

 

Créée par Bruce Miller, elle reprend un roman écrit en 1984/1985 et s’intitule « The Handmaid's Tale » (La servante écarlate). Alors qu’elle vivait à Berlin Ouest dans les années 80', Margaret Atwood s’est profondément inspirée de l’ambiance qui régnait dans les pays derrière le rideau de fer, qu’elle connaissait si bien.

 

L’écrivaine dit dans une tribune du NY Times que la peur, le fait de se sentir espionné, le silence, ont fortement influencé son texte. Tout ce qu’elle a écrit provient d’un vécu bien réel. 

L’adaptation à l’écran de ce roman est des plus intéressantes, car elle a su transmettre l’essence du texte dystopique, très orwellien.

 

The Handmaid's Tale décrit une Amérique qui bascule dans une dictature théocratique où, au nom de la religion, la répression, la torture et la suppression des droits sont devenues la règle.

 

Les femmes, premières victimes de ce revirement ont été reléguées au rôle de non-citoyennes. Elles sont épouses de commandants et femmes au foyer, elles sont les « Marthas » responsables de l’entretien des maisons ou encore les servantes écarlates, assignées à l’unique tâche de la reproduction. Dans une Amérique devenue infertile à cause de la pollution, les femmes qui peuvent encore avoir des enfants sont des « utérus sur pattes ».

 

Le puritanisme, présent, mais souvent caché de l’Amérique a pris le dessus, rayant d’un trait la démocratie et le libéralisme qui ont cédé la place à l’horreur. Et si la série cartonne en ce moment, c’est que l’angoisse qui a suivi les dernières élections y prend forme. Margret Atwood a écrit un roman intemporel qui s’adapte à toutes les situations de peur et d’incertitude à travers les époques.

 

The Handmaid's Tale sont les aventures d’Offred, une servante écarlate qui s’est retrouvée privée de son mari et de sa fille, à la merci d’un puissant couple a qui elle doit donner un enfant.

Perdue entre son passé qui se dilue chaque jour un peu plus dans sa mémoire et son présent surréaliste, elle est balancée entre la résignation et la volonté de se battre pour retrouver sa fillette, qui la maintient en vie.

 

Gilead (nom du nouveau pays) est un endroit où la torture et les exécutions sont quasi-quotidiennes.

 

La mise en scène ainsi que les plans s’attardent sur les détails et les mettent en relief. Le spectateur se retrouve dans les pensées d’Offred. Il partage ses émotions, ses angoisses et toutes ses peines.

 

La « cérémonie » est l’une des scènes les plus marquantes de la série. C’est un viol organisé et toléré par le système, où la femme du commandant tient les mains de la servante et l’homme se charge du reste. Un rapport non consentant, cependant normalisé, qui se répète tous les mois. La caméra se place face aux deux femmes, toutes les deux victimes – à des degrés différents- de la société masculiniste. Elle capte leur résignation. Le malaise, presque insoutenable de la scène choque et captive à la fois. On s’adapte de façon absurde à l’horreur et on attend la suite.

 

Le rouge écarlate des tenues des servantes, coiffées comme des nonnes, qui vivent dans la peur de la délation, celle de ne pas donner d’enfant, d’être renvoyées dans des camps de concentration, symbolise le sang. Celui de la violence, celui des menstruations, celui de la vie et de la mort.

 

The Handmaid's Tale est une thérapie de choc, qui est faite pour rappeler que dans ce monde, tout peut basculer, à tout moment. Que les situations les plus absurdes, les plus improbables sont de l’ordre du possible. Toutefois, se battre pour survivre reste la seule issue envisageable.