Il n’est pas si aisé de présenter un artiste de talent car tout a été dit ou presque. Cependant, le talent n’a pas de bornes et surprend à chaque fois ceux qui s’en approchent et ceux qui croient tout connaître d’un artiste.
C’est dans cet esprit qu’on aborde l’œuvre de Hamda Dniden car l’artiste peintre arrive à capter l’attention de gens du métier, de spécialistes et de curieux comme au premier jour. A l’espace Fahrenheit 451, à Carthage, Dniden charme son monde avec des toiles tout droit sortie d’un monde oscillant entre le réel et le rêvé. Il ne faut pas se leurrer parce que, si l’on reconnait la forme d’un fruit, l’ébauche d’une rue, l’architecture d’un édifice ou les contours d’une silhouette, il n’en demeure pas moins que la représentation des lieux communs et des choses de la vie se fait avec un regard à chaque fois renouvelé, celui de l’artiste. Hamda Dniden déstructure l’espace, dérange sa rectitude afin de lui conférer une dimension onirique. Les endroits familiers se métamorphosent et semblent venir de lointain, d’un souvenir qu’on aurait enfoui et que l’on met à jour après tant d’années d’oubli. Les natures mortes comme les corps peints prennent vie grâce à la maitrise du trait et la volupté de la courbe que l’artiste associe dans le même espace. Le tout est accentué par une palette des plus séduisantes.
Chez Dniden, la couleur est vive et mordante ou calme et plutôt sereine. En effet, sous le pinceau de l’artiste, défilent un rouge vif et un bleu azur, un jaune pastel et un vert émeraude et tant de teintes et de nuances sur lesquelles s’attarde le regard d’un flâneur ou d’un féru de peinture. La couleur est histoire. Elle met en alerte la mémoire et nous plonge dans l’univers de Dniden.
Natif du mythique village de pêcheurs, Sidi Bou Saïd, Hamda Dniden y puise sa verve créatrice et sa substance créative. L’allusion à ce haut lieu de l’enfance se fait par truchement, tantôt dans la représentation architecturale et urbaine des rues et des ruelles émaillant son travail, tantôt par les couleurs caractéristiques du village perché. Le blanc et le bleu entrent dans la composition des toiles. Ils offrent cette lumière propre à Sidi Bou Saïd gorgée de soleil méditerranéen. Une particularité que Dniden traduit en art et qui imprègne son travail. Le village habite toute l’œuvre de l’artiste peintre, le distinguant ainsi dans la sphère des arts plastiques en Tunisie.
A travers sa nouvelle exposition, Hamda Dniden offre une escapade des plus délicieuses à ceux qui pousseront les portes de l’espace Fahrenheit 451. Avec malice, il entraînera le promeneur des arts dans une nostalgie fantaisiste. L’on reconnaîtra alors Sidi Bou Saïd au détour d’une courbe ou la rectitude d’un trait, ou tout simplement dans la présence inhérente et itinérante de la lumière dans une œuvre intime qui respire la joie de vivre et illumine aussi bien le cœur que l’esprit.