"Eidos", premier pas d'un bon réal. ?

"Eidos", premier pas d'un bon réal. ?

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Eidos, le court métrage qui s’est distingué dans la catégorie regard sur le cinéma tunisien, le réalisateur n’est autre que Rami Jarboui, monteur chevronné et une graine de réalisateur qui a déjà fait parler de lui en gagnant le premier prix du Mobile Film Festival avec son court métrage d’une minute « Soupe », un petit bijou acide et drôle. 

 

Eidos est difficile à raconter, un film en noir et blanc, extrême, une esthétique qui trouve ses racines dans Bela Tarr, Bergman et Tarkovski. Le réalisateur nous propose une fable en 15 minutes, il y filme des concepts : l’histoire, l’absurdité, l’amour, la naissance, etc. Ce qui marque après le visionnage de cet ovni cinématographique, c’est la qualité filmique, les plans séquence maîtrisés, et la prise de risque que prend le réalisateur en allant jusqu’au bout de l’univers qu’il nous propose. 

 

Il est évident que Rami Jarboui est un réalisateur à suivre, car au bout du deuxième court – métrage, il se distingue par un style propre à lui. Même si Eidos s’inscrit dans une logique de production low-budget, la qualité n’en est pas moins présente, quand on parle de qualité c’est d’abord la technique, l’image, et le FX qu’on voit dans une séquence clé du court métrage. Le découpage technique est loin des facilités et des réflexes filmiques répétitifs, la caméra nous surprend par ses mouvements continus, par son refus des champs contre champs, et par la majestuosité des plans larges. 

 

Eidos n’est pas une grande œuvre, mais il remplit son rôle de court métrage, soit révéler un cinéaste à devenir. Lors de la projection du film, on sentait le public porté par l’univers désertique et rigide du court métrage, difficilement accessible à tous, on y trouve pourtant une sensibilité, un regard différent, « quelque chose » se passe entre nous et l’écran. Est- ce qu’Eidos est le premier pas d’un bon réalisateur ? Sans doute.

 

Déjà des projets plein la tête, Ramy Jarboui réserve des histoires qui sortent de l’ordinaire au public, 2018 risque peut -être d’être l’année d’une révélation, celle d’un réalisateur extrême et talentueux.