Tarek Louati, alias Krux et plus récemment DVSN, fait partie de ceux qui ont initié la scène électronique en Tunisie. Ce jeune artiste n’a jamais raté une occasion pour explorer toutes les possibilités de l’expérimentation musicale telles que la production, le DJing, les ciné-concerts et la musique de film.
En se laissant s’imprégner d’electronica, il a commencé à explorer l’univers de la composition musicale en 2006/2007, en solitaire et autodidacte, mais ses premières productions restent confidentielles.
« Il y a eu plein de choses qui m’ont poussé à commencer la production musicale, mais le premier truc qui m’a vraiment impressionné c’était Aphex Twin, Radiohead, et après Autechre et Burial. »
En 2009, il a réalisé avec Zied Meddeb Hamrouni (alias Shinigami San) le collectif World Full Of Bass (WFOB) afin d’instaurer une culture de Bass music en Tunisie.
« J’ai monté ça avec Zied. C’était son idée à lui au départ, mais on l’a réalisée ensemble. D’ailleurs, on a fait la première soirée ensemble, juste nous deux, en décembre 2009 ».
Avec WFOB, Krux s’est lancé dans le DJing en mixant dubstep, techno et juke. Et petit à petit il a viré à la techno en changeant de projet.
Après quelque temps de réflexion et d’expérimentation, en décembre 2014, Tarek a lancé avec Skander Besbes (alias SKNDR) le label tunisien Infinite Tapes.
En 2016, il se mesure avec brio à la musique de film en signant la bande originale du film « The Last Of Us », réalisé par Ala Eddine Slim, qui a obtenu le Lion du Futur (Prix de la première œuvre) ainsi que le prix de la meilleure contribution technique à la Mostra de Venise. La musique du film est sortie sous le label Infinite Tapes, en CD et en Vinyle.
« C’était super intéressant. On a la chance de plutôt bien se connaître avec Ala. C’est ce qui nous a permis d’avancer assez vite une fois qu’on avait décidé ce qu’on voulait faire. »
Cette année, DVSN vient de sortir un nouvel EP intitulé Phases le 2 février 2018. Les morceaux de cette sortie retracent sa maturation et reflètent une combinaison entre ses influences et ses expériences, entre bass music et ambient, entre complexité et possibilités, entre néant et expansion. En faisant le tour de l’EP, on disparaît temporairement dans les abysses du vide et de la solitude dans un univers assez particulier de musique ambient.
« Je ne pense pas que l’EP soit totalement ambient, j’ai essayé des trucs différents. J’ai passé beaucoup de temps à chercher ce que je voulais vraiment faire jusqu’à ce que ça vienne tout seul et que ça sorte naturellement. Je ne me dis pas je veux faire tel ou tel truc, ça se fait naturellement ».
On peut y voir un peu plus clair concernant le jeune artiste avec cette sortie qui nous dévoile un portrait un plus détaillé de son monde, sombre et solitaire, mais aussi aventurier. Il ne s’est pas privé d’exploiter de nouvelles techniques sonores et différentes structures musicales.
« J’ai réenregistré chaque piste individuellement, plusieurs fois, en passant par des effets, des traitements et des processus différents, en superposant le tout dans certains cas ou en revenant à la piste de départ et ne gardant que celle-là. »
« Je voulais aussi essayer de nouvelles structures d’écriture en essayant par exemple des kicks dans des endroits tout à fait aléatoires des fois ou en suivant un dessin. En programmant des automations en dessinant des formes géométriques ou des lettres. Ce genre de conneries quoi. »