Discogs : Mine d’or musicale versus “cash machine”

Discogs : Mine d’or musicale versus “cash machine”

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Pour ceux qui ne connaissent pas Discogs, il s’agit de la plus grande plateforme au monde de vente de CD et vinyles en ligne.

 

On est à l’heure de l’enterrement programmé du CD mesdames et messieurs : le marché du vinyle bat son plein partout dans le monde. On vous parle de plus de 14 millions d’albums vendus en 2017 ; une panoplie d’artistes contemporains s’est mise à produire ses albums au format de la galette noire qui, elle, vit une seconde jeunesse chez la génération Y. On l’avoue, le vinyle est franchement charmant en termes de qualité sonore, mais aussi du simple fait d’actionner un disque sur une platine et de prendre le temps de l’écouter, loin d’un monde glorifiant information de masse et manque d’authenticité.

 

Industrie musicale et cupidité

 

L’industrie musicale aujourd’hui c’est beaucoup plus que les tournées et la vente d’albums, c’est la mise en place d’algorithmes étudiant et dessinant les goûts musicaux de tous (le Mainstream, ça vous dit quelque chose ?). On s’est intéressé au phénomène qu’est Discogs, une plateforme fondée en 2000, dont le but est le partage d’une base de données ouverte à tous ceux qui collectionnent, mais aussi aux musiciens, aux labels et aux producteurs afin de mettre en place une sorte d’encyclopédie de l’industrie discographique. 

 

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En quelques années, la plateforme s’est agrandie et les deux créateurs ont décidé de mettre en place un Marketplace dédié à la vente de tous types de formats d’écoute musicale. Aujourd’hui, Discogs compte plus de 410 000 utilisateurs et s’est transformé en souk maître de l’industrie du disque, où les ventes second hand dominent. Le disque à microsillon est devenu un complément essentiel au streaming et au téléchargement, son industrie témoigne aujourd’hui d’une croissance remarquable. Comme toutes choses impliquant gain financier, cette industrie est devenue pour certain(e)s un moyen de se faire du cash rapidement, sous le dos d’artistes et de musiciens. Le vinyle est devenu un objet de désir grâce à une commercialisation réussie en quelques années, faisant naître ce qu’on nous vend aveuglément sous l’étiquette « édition limitée ». Cette édition limitée de 50 à 500 disques entraîne un phénomène de revente à prix exorbitants (i.e le scalping) parfois observé dans d’autres industries, comme celle de la fashion et des sneakers (e. g la marque Supreme). C’est là qu’entre en jeu Discogs... La plateforme s’est transformée en terrain de vente de raretés au plus offrant : dès que des rééditions limitées apparaissent à la vente, l’achat en grande quantité a lieu et la revente se fait quelques heures plus tard à dix fois le prix initial. La croissance de la plateforme a provoqué un effet papillon digne de l’image d’Internet des années 2010 : un terrain mal contrôlé et dur à réguler, provoquant opportunisme et comportements malsains. Pour citer un exemple, la réédition limitée d’un album du pionnier de dubstep anglais Loefah en 2014 s’est épuisée en quelques minutes et des exemplaires ont été remis à la vente le jour même sur la plateforme Discogs au prix de 230 €. Cependant, devenir millionnaire avec ce genre d’action est loin d’être une réalité, en effet l’album le plus cher vendu sur Discogs est une édition rare de The Black Album de Prince (27 500 €) ; les 30 meilleures ventes ne dépassaient pas chacune les 1000 $.

 

 

 

 

 

Discogs reste une plateforme indispensable aux diggers, mélomanes et amateurs de musique en quête d’informations et de nouvelles vagues musicales. On ne pense pas que l’esprit du digging va mourir, mais au contraire, qu’il est en train de prendre une nouvelle forme, certes moins humaine, mais dominée par le virtuel. Et en Tunisie alors ? Qu’en est-il de ce retour vers le vinyle et son accès aux amateurs de son ? On reste loin des pratiques dont témoigne la communauté globale, mais on remarque cependant un intérêt croissant pour ce format et les avantages qu’il offre.