Vous vous rappelez de la scène d’ouverture du film culte « Pulp Fiction » ? Du moins de la chanson qui s’en suit ? Il s’agit de « Misirlou », tube aujourd’hui incontournable, qui avait fleuri du jeu de Dick Dale et ses Del Tones dans les années soixante. Décédé dimanche 17 marsà l’âge de 81 ans, le musicien californien a légué au monde de la musique beaucoup plus que le hit « Misirlou », ses sons hyper saturés et ses effets de réverbération issus de la surf music ont influencé plusieurs grands noms, allant de Jimi Hendrix aux Beach Boys en passant par un genre à part entière du rock : le heavy metal.
Dick Dale, de son vrai nom Richard Monsour, est né en 1937 à Boston et a déménagé en 1954 en Californie, paradis du surf et de sa culture. Il est vraisemblablement indissociable des vagues californiennes et y a surfé (avec une planche) durant une grande partie de sa vie. Avec ses Del Tones, Dale a contribué à « l’émancipation » de la guitare de ses débuts folkloriques façon fifties... Et la guitare elle, ainsi que ses amplificateurs, en ont souffert. Dale cherchait à reproduire le son et la force de la nature que lui avait imprégné les vagues qu’il surfait, mais, avec les « soucis » techniques de l’époque, il n’arrivait pas vraiment à terminer ses concerts où une série de crimes s’enchaînaient entre amplificateurs brûlés et guitares massacrées. Pour l’anecdote, il lui fallut 48 amplificateurs de brûlés pour finalement changer la donne dans l’histoire du rock « n’ roll ! Au début des années 60, il rencontra Leo Fender, avec qui il créa le « Dick Dale Showman » connu aujourd’hui sous le nom de « Fender Showman », un amplificateur 100 watts capable de « crier » comme le voulait si bien l’artiste, en quête de faire chanter les plus raides des vagues. Une initiative qui a permis de repousser les limites de l’amplification électrique tout en permettant à la guitare d’avoir un son de qualité, contribuant plus tard à l’expansion et la réussite du heavy metal. En novembre 1962, Surfer’s Choice voit le jour et connaît un grand succès (se vendant à près de 88 000 copies) ; peu de temps après est arrivé ce qu’on appelle dans l’histoire du rock US, la British Invasion (avec l’exportation massive de groupes comme The Beatles, The Rolling Stones, The Who, etc.), une invasion qui finit par adoucir les océans californiens... Dale a cependant continué à tourner jusqu’à très récemment malgré ses problèmes de santé pour des raisons financières comme il l’a expliqué durant une interview en 2015 pour le Pittsburgh City Paper : « Je ne peux pas me permettre d’arrêter de tourner parce que je mourrai. Physiquement et littéralement, je mourrai », confiait-il avant d’ajouter : « mes seules rentrées d’argent proviennent de mes tournées ». Il ne touchait en effet pas de royalties pour « Misirlou » en tant qu’auteur. Rest in peace King of Surf Music!