Que vous soyez nés dans les années 60, à la naissance de ces deux groupes mythiques ou bien plus tard, il est quasiment impossible que soyez insensibles à ces deux monstres sacrés de l’histoire du rock, j’ai nommé The Beatles et The Rolling Stones.
La rivalité entre eux a toujours existé. Ils sont connus, aimés, adulés, mais tellement différents, voire diamétralement opposés.
Tout a commencé dans les années 60, en Angleterre. Ils étaient jeunes, fougueux, leur amour de la musique les unissait, ils s’appelaient John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr et George Harrison et venaient de Liverpool. Plutôt mignons, ils animaient des concerts à coups de reprises de Chuck Berry et Elvis Presley. Brian Epstein en a fait Les Beatles, le groupe légendaire qu’on connaît aujourd’hui et qui a marqué toute une génération. Leurs blousons en cuir et cheveux rebelles ont été remplacés par des costards cravates, leur image a été polie et leur origine populaire complètement occultée. On oublierait presque que les 4 musiciens viennent de la banlieue de Liverpool et habitaient, pour 3 d’entre eux au moins dans des logements sociaux.
Leurs personnages ont été bien travaillés, ils sont devenus les garçons bien propres, respectueux, souriants qu’on aimerait présenter à ses parents, ils représentaient en quelque sorte « le gendre idéal ».
350 km au sud de Liverpool, on est à Londres et on retrouve cinq autres jeunes, Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts, Brian Jones et Bill Wyman, Les Rolling Stones. Encore des personnages crées de toute pièce par un manager, Andrew Loog Oldham cette fois-ci qui a voulu en faire les « anti-Beatles » et il y est parvenu plutôt bien.
À la base, les membres des deux groupes sont différents, les premiers sont des provinciaux, venant d’un milieu populaire, les seconds des urbains, d’un milieu plutôt aisé et ont fait des études supérieures à l’instar de Mick Jagger qui a fait London School of Economics, avant d’abandonner les études pour se concentrer sur la musique.
Pourtant l’image que Les Rolling Stones donnent est celle de garçons rebelles, voire un peu voyous, des bad boys en révolte perpétuelle contre toutes les règles de la société et du système.
Tandis que les uns sont anoblis par la reine d’Angleterre, les seconds sont bannis à vie par le conseil municipal à cause de graves incidents qui ont eu lieu pendant leur concert à Blackpool en 1964.
Les deux groupes ont tracé leur chemin presque en parallèle, et une sorte de rivalité est née entre eux, rivalité qui a en quelque sorte alimenté l’histoire du rock et crée des adeptes de l'un ou l'autre groupe.
Et vous ? Pouvez-vous répondre sans hésitation aucune, êtes-vous Beatles ou Rolling Stones ? Si vous n’y parvenez pas, on a choisi trois titres pour essayer de vous aider à trancher.
Let it be (The Beatles-1970)/Let it bleed (The Rolling Stones-1969)
En 1970, Les Beatles sortent « Let It Be », ainsi soit-il, une chanson optimiste, presque « gentillette ». Qu’il y invoque la vierge Marie ou sa maman, Mary, morte d’un cancer alors qu’il avait seulement 14 ans, Paul McCartney nous envoie des messages de positivisme, rappelant presque les cours de développement personnel d’aujourd’hui.
Let it be (The Beatles-1970) | Let it bleed (The Rolling Stones-1969) |
“When I find myself in times of trouble, Mother Mary comes to me Speaking words of wisdom, let it be And in my hour of darkness she is standing right in front of me Speaking words of wisdom, let it be” |
And there will always be a space in my parking lot (...) Yeah, we all need someone we can bleed on Yeah, and if you want it, baby, well you can bleed on me |
Bien que sorti une année plus tôt, un titre des Stones est venu en réponse à « Let it be » des Beatles, qui a été enregistré avant, mais sorti seulement en 1970.
The Rolling Stones, toujours dans la provoc ont riposté par « Let it bleed ». Un titre plutôt trash qui figure dans leur dernier album avant la mort de Brian Jones. Le morceau n’a rien de lisse ni de gentillet, on y trouve du sexe sordide, du sadomasochisme, des drogues dures et de la violence.
I Feel Fine (The Beatles-1964)/-Satisfaction (The Rolling Stones-1965)
Tandis que les Beatles « Feel fine », les Rolling Stones « Can get no satisfaction ». Encore deux titres qui ne font que creuser le gouffre entre les mondes des deux groupes. Les uns heureux de vivre, les autres éternels insatisfaits.
I Feel Fine (The Beatles-1964) | Satisfaction (The Rolling Stones-1965) |
Baby’s good to me you know She’s happy as can be you know And said so I’m in love with her and I feel fine Baby says she’s mine you know And she tells me all the time you know She said so And I’m in love with her and I feel fine |
When I’m watchin’ my TV And that man comes on to tell me How white my shirts can be But he can’t be a man ’cause he doesn’t smoke The same cigarettes as me I can’t get no, oh no no no Hey hey hey, that’s what I say I can’t get no satisfaction |
All You Need is Love (The Beatles-1967)/You Can’t Always Get What You Want (The Rolling Stones-1969)
Pendant que les Beatles nous assurent que tout ce dont on a besoin c’est l’amour, avec leur chanson qui prône la paix et l’unité, devenue hymne de Flower Power, slogan des hippies, Les Stones nous crient à la figure qu’on ne peut pas toujours avoir ce qu’on veut.
Du rose, du beau, du lisse d’un côté, du noir, du « ugly » de l’autre !
All You Need is Love (The Beatles-1967) | You Can’t Always Get What You Want (The Rolling Stones-1969) |
There’s nothing you can do that can’t be done Nothing you can sing that can’t be sung Nothing you can say, but you can learn How to play the game It’s easy. (…) All you need is love All you ned is love Love is all you need |
And I went down to the demonstration To get my fair share of abuse Singing We’re gonna vent our frustration If we don’t we’re gonna blow a 50-amp fuse" Sing it to me, now You can’t always get what you want You can’t always get what you want |
Ceci dit, il existe des exemples pour contrer la règle, des chansons, même si elles sont rares, où les Stones montrent un côté docile et sage et les Beatles sortent leur côté voyou et nous montrent leurs griffes. Ces exemples viennent conforter l’idée que les personnalités des deux groupes ont été fabriquées de toutes pièces par des managers clairvoyants, qui ont su mettre le doigt sur ce qui pouvait plaire aux jeunes de l’époque et créer des fans inconditionnels, qui se reconnaissent dans l’un ou l’autre groupe.
I Want You (The Beatles - 1969)/She’s A Rainbow (The Rolling Stones-1967)
Dans I want you, Les Beatles laissent de côté leur côté romantique, limite nunuche et expriment le désir, pur et simple.
Écrites par John Lennon pour son épouse Yoko Ono, les paroles de cette chanson ont été portées en dérision sur le plateau d’une émission de la BBC, et citées en exemple pour illustrer la vacuité des paroles de la musique pop.
Dans « She’s A Rainbow », Les Stones nous mettent des couleurs plein les yeux. Le piano contribue à donner un côté « romantique » au morceau qui se termine par une corde de guitare électrique inhabituelle qui a été jouée par John Paul Jones, futur membre de Led Zeppelin.
I Want You (The Beatles - 1969) | She’s A Rainbow (The Rolling Stones-1967) |
I want you |
Have you seen her dressed in blue? She comes in colors everywhere |
Une parfaite dichotomie, une opposition dans la façon de vivre une époque, pourtant la même, vécue par les jeunes ayant à peu près le même âge et le même amour de la musique, mais dont le parcours et l’orientation ont été dictés par des choix de managers et qui ont fini par payer et constituer l’identité des deux groupes mythiques, qui font parler d’eux, continuent à remplir les salles de concert (No Filter, tournée européenne des Rollings Stones en 2017) et dont les chansons sont encore écoutées reprises et chantées jusqu’à aujourd’hui et pour longtemps encore.