Cinémathèque : Sejnane en hommage à Nejib Ayad

Cinémathèque : Sejnane en hommage à Nejib Ayad

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Dans le cadre de la commémoration du 40 ème jour du décès de Néjib Ayed producteur et directeur des trois dernières sessions des Journées Cinématographiques de Carthage, la Cinémathèque tunisienne projette ce samedi 28 septembre à 18 heures Sejnane de Abdellatif Ben Ammar.

Cette projection entre dans le cadre d’un cycle composé des films qui ont compté dans le parcours cinéphilique de Néjib Ayed, qui a été critique de cinéma mais aussi président de la Fédération Tunisienne des Cinés Clubs.

Les films retenus par les programmateurs de la cinémathèque témoignent de la passion de Néjib Ayed pour un cinéma d’auteur singulier mais aussi son engagement pour les cinémas des pays du Sud.

Néjib Ayed, n’a cessé de son vivant de défendre l’idée suivante : l’image a été et reste le moyen de construire et de sauvegarder l’identité nationale.

Mais loin d’un cinéma porté par des discours idéologiques tonitruants et schématiques, c’est par l’appropriation du langage cinématographique,

par l’élaboration d’une écriture propre du récit et par une gestion particulière du temps de l’espace et du cadre qu’un cinéma libre advient.

Aux côtés de Satiyajit Ray, d’Imamura ou de Chahine, il manquait peut-être à ce programme des œuvres comme Terre en Transes ou Antonio Das Mortes du réalisateur brésilien Glauber Rocha. Parce que Néjib Ayed adorait ces films et parce qu’il avait une passion toute particulière pour les cinémas d’Amérique latine, essentiellement ceux des années 60 et 70. Des films où la contestation politique allait de pair avec des explorations formelles…

Sejnane qui sera projeté en clôture de ce programme a été réalisé en 1973 et n’est jamais sorti en salles en Tunisie. Ce film avait pourtant obtenu le Tanit de bronze aux journées cinématographiques de Carthage.

Ce second long métrage d’Abdelatif Ben Ammar est incontestablement un des films phares du cinéma tunisien.

Il l’est parce que la mise en scène est maitrisée de bout en bout. Parce que le récit se déploie à partir des images et de la composition des cadres et parce que les personnages ne sont jamais des portes étendards malgré leur épaisseur idéologique…

Sejnane est aussi un des films les plus importants du cinéma tunisien parce qu’il s’est positionné politiquement à contrecourant du récit politique fondateur. Abdellatif Ben Ammar opère ici un renversement du point de vue. Il réhabilite d’abord les syndicalistes. Puisqu’il en fait le moteur, du moins le partenaire principal de la lutte pour l’indépendance.

Il porte, ensuite, un regard critique sur l’idée de la nation comme bloc et sur le rôle joué par certains groupes sociaux…

Lettres de Sejnane, qui est le titre complet du film, raconte l’histoire du jeune élève Kamel dont le père a été assassiné par une organisation secrète coloniale. Il trouve du travail dans une imprimerie. Il tombe amoureux d’Anissa la fille de son patron. Mais celle-ci va être mariée à un homme qu’elle ne connaît pas. A l’imprimerie, il va aussi se lier à des syndicalistes qui vont l’aider à aiguiser son regard sur le monde et à développer une conscience politique…alors que se prépare la confrontation entre les tunisiens et les colonisateurs…

Rendez-vous donc samedi à 18 heures à la cinémathèque pour voir ou revoir Sejnane et pour rendre hommage à cet homme merveilleux qu’était Néjib Ayed…