Carnets de traverse : Amritsar, des sikhs aux turbans noués dans un temple aux murs dorés

Carnets de traverse : Amritsar, des sikhs aux turbans noués dans un temple aux murs dorés

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Dans le taxi qui me conduisait à l’aéroport international de Calcutta, les images, les bruits et les odeurs se bousculent dans ma tête. Avec seulement deux villes visitées, l’Inde a réussi à me montrer des visages très différents, tous fascinants, tous envoûtants et captivants.

 

Un vol de quatre heures entrecoupé d’une escale m’a transporté au nord-ouest du pays, dans l’état du Pendjab.

Atterrissage à Amritsar, pas loin de la frontière pakistanaise, ville sacrée pour la communauté sikh du pays et du monde entier. Le célèbre temple d’or qui se situe au cœur de la ville est considéré comme le haut lieu du sikhisme, visité par les pèlerins du monde entier et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2004.

 

Le sikhisme, qui est la 5e religion la plus pratiquée dans le monde, est un syncrétisme des religions hindoue et musulmane. Le temple d’or : Harmandir Sahib (l’Illustre temple de Dieu), en est le sanctuaire le plus sacré, et tient son importance du fait qu’il abrite le Guru Granth, le livre sacré des sikhs. 

Pour accéder à l’enceinte du temple, tout le monde doit se déchausser à l’entrée, se rincer les pieds dans un pédiluve et se couvrir la tête, sans distinction entre hommes et femmes.

Arrivée en fin de journée, peu avant le coucher du soleil, mes pieds nus ont frôlé le marbre brûlant couvrant l’esplanade du sanctuaire, qui a emmagasiné la chaleur des rayons du soleil pendant toute la journée. C’est presque en sautillant que je suis parvenue en haut des marches qui surplombent le temple.

La vue qui s’offrait à mes yeux du haut des escaliers m’a littéralement coupé le souffle : le Harmandir Sahib, accessible par une passerelle, trône au milieu du bassin Amrit Sarovar : bassin du nectar, qui a donné son nom à la ville d’Amritsar. Les derniers rayons du soleil font briller l’or qui recouvre la partie supérieure du temple, le tout se reflétant dans l’eau du bassin. Le dôme qui est recouvert de pas moins de 750 kg d’or arbore la forme d’une fleur de lotus.

 

 

Tout au long de la visite, mes pas étaient rythmés par des sortes de chants ou de prières ininterrompus, et qui provenaient de l’intérieur du temple.

On voit des pèlerins, avec le couvre-chef typique des sikhs, un gros turban enroulé de façon bien spécifique, se laver dans l’eau sacrée du bassin, réputée guérir tous les maux. Des pèlerins font la queue pour accéder au temple, d’autres se prosternent devant, le front au sol, dans un geste de recueillement.

 

Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo
Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo

 

Pour accéder à l’intérieur du Harmandir Sahib, il faut faire la queue. Le nombre de personnes qui attendent est très important, ils sont là, des familles entières de sikhs et de touristes, à patienter, bercés par les chants, de plus en plus fort au fur et à mesure que l’on se rapproche de la porte du temple.

Ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’on comprend que la voix est celle d’un homme qui, à longueur de journée, lit le livre sacré des sikhs à haute voix.

 

Tous les soirs, on assiste à la cérémonie de dépôt du livre sacré pour la nuit. Le Guru Granth est sorti du temple, accompagné de chants et de musique et il est transféré dans un autre bâtiment jusqu’au lendemain.

 

 

 

 

 

 

 

Une des choses qui frappent quand on arrive au temple d’or est la propreté des lieux par rapport au reste de la ville poussiéreuse et cahotique. Par ailleurs, l’atmosphère qui y règne est très particulière, mystique, mais différente de celle perçue à Varanasi, l’effervescence en moins, remplacée par une sorte de calme et de quiétude qui emplissent les lieux où résonnent chants et prières à longueur de journée.

 

 

Le temple à l’image de la religion sikh est symbole d’ouverture et de générosité.

Son esplanade accueille des centaines de personnes qui y passent la nuit. Que l’on soit sikh, athée, indien ou touriste, on est le bienvenu pour y dormir.

 

 

Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo
Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo

 

 

 

Le sanctuaire abrite également une sorte de cantine, qui sert entre 60 000 et 80 000 repas par jour, totalement gratuits. Les volontaires sont les bienvenus s’ils veulent participer bénévolement à la préparation des repas, qui se fait dans une organisation quasi militaire, dans cette fourmilière qu’est la cantine.

 

Harmandir Sahib, qui représente la seule attraction d’Amritsar, possède ce pouvoir de fascination, à la limite de l’ensorcellement, qui m’a poussé à revenir le visiter plusieurs fois pendant mon séjour dans la ville.

 

Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo
Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo

 

J’avais envie de le voir à différents moments de la journée, sous différentes lumières, celle de l’aube, quand il est encore enveloppé dans la brume matinale, au milieu de la journée quand les rayons du soleil subliment les feuilles d’or qui le recouvrent et à la tombée de la nuit, quand le ciel se vêt de reflets rougeâtres et se reflète dans les eaux sacrées du bassin qui l’entoure.

 Et je peux vous dire que je n’ai pas été déçue ! Que des images qui vont venir s’ajouter à plein d’autres, et qui vont rester gravées dans ma mémoire à tout jamais.

 

Crédit photo cover : Souhir Hamrouni Buonomo

Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo

Crédit vidéo : Souhir Hamrouni Buonomo