Carnet de traverse : Allo le Pakistan, ici l’Inde !

Carnet de traverse : Allo le Pakistan, ici l’Inde !

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Quand on visite Amritsar, passer à côté de la découverte de la frontière indo-pakistanaise relève du sacrilège !

Les relations entre l’Inde et le Pakistan sont tendues, c’est le moins qu’on puisse dire. La source de discorde entre les deux pays est la région du Cachemire pour laquelle il n’a pas été trouvé de consensus pour le tracé de la frontière.

Malgré ces tensions, ce qui se passe dans cette zone est tout simplement déconcertant, complètement en dehors du contexte géopolitique de la région !

Tous les jours, en fin de journée se tient une cérémonie très particulière, qui attire des milliers de personnes, touristes et Indiens, qui font le déplacement spécialement pour assister à ce spectacle. Il s’agit de la cérémonie de fermeture de l’unique point de frontière terrestre entre l’Inde et le Pakistan.

 

À partir de la gare routière d’Amritsar, j’ai partagé un taxi collectif avec une famille indienne en direction de Wagah.

 

La distance qui sépare Amritsar de Wagah n’est que d’une trentaine de kilomètres, pourtant le voyage a été entrecoupé d’une petite escale dans un café-restaurant, un approvisionnement en eau et boisson fraîches était nécessaire vu la température qu’il faisait ! il faut dire que visiter l’Inde en plein mois d’août n’était pas la meilleure chose à faire.

La route un peu cabossée, la conduite plutôt nerveuse de notre chauffeur et la chaleur lourde m’ont carrément assommée, c’est le cerveau complètement embrumé et les articulations engourdies que je suis arrivée à destination.

 

Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo
Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo

 

Sur place, le dispositif de sécurité est impressionnant. Plusieurs barrages, inspections des sacs et fouilles au corps très méticuleuses ponctuent le chemin qui nous mène à l’endroit où se passe « le spectacle ».

 

Des gradins, de part et d’autre d’une route, coupée au milieu par deux portes, une par pays : la frontière. D’un côté l’Inde, de l’autre le Pakistan. Les bancs se poursuivent de l’autre côté des portes et on peut apercevoir le « public » et le drapeau pakistanais qui flotte à quelques mètres.

 

L’ambiance bon enfant, les chants patriotiques et les applaudissements contrastent avec la vue des soldats et des policiers présents en grand nombre sur les lieux.

Des enceintes qui diffusent des tubes indiens crachent leurs décibels au grand bonheur des présents dont certains se déhanchent au rythme des chansons en attendant le début de la cérémonie de descente des drapeaux et de fermeture de la frontière.

Les touristes venus en grand nombre côtoyaient les familles entières d’Indiens sur les bancs.

Le spectacle commence enfin !

 

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Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo

 

L’ambiance qui règne s’approche plus du stade de foot que de la cérémonie officielle. Un animateur muni d’un micro encourage le public déchaîné et scande des slogans à la gloire de l’Inde. Les soldats, grands, moustachus et fiers, effectuent leurs parades aux rythmes de la musique. Les gestes sont exagérés, les coups de botte sur le bitume sont bruyants et la chorégraphie va dans le sens de l’intimidation avec des gestes et des grimaces que l’on pourrait qualifier de burlesques.

Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo
Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo

 

La réponse de l’autre côté de la frontière ne tarde pas à se faire entendre. Les officiers qui effectuent leur parade montrent une souplesse et une agilité surprenantes. La grâce de leur lever de jambe n’a presque rien à envier à celle des danseuses de french cancan du Moulin Rouge, si ce n’est leur moustache qui leur couvre la moitié du visage et qui fait nettement moins sexy !

 

 

 

 

 

 

Le spectacle se poursuit, et c’est un tac au tac qui rythme la chorégraphie, les uns provoquent, les autres répondent, le public d’un côté crie, applaudit, celui de l’autre côté crie encore plus fort, le tout dans une ambiance festive qui ferait oublier la réalité des tensions entre les deux pays !

Le spectacle qui dure près d’une heure se termine par la descente des drapeaux et par une franche poignée de main échangée entre les soldats des deux pays.

 

Pendant une heure, on a l’impression d’être dans une faille spatio-temporelle, en dehors de la réalité de la politique. Ce que l’on vit à Wagah tous les jours au coucher du soleil rappelle plus un épisode de « jeux sans frontières » qu’une cérémonie de fermeture de frontière entre deux pays en conflit !Crédit photo cover : Souhir Hamrouni Buonomo

 

Crédit photo : Souhir Hamrouni Buonomo

Crédit vidéo : Souhir Hamrouni Buonomo

 

 Retrouvez également : Varanasi Calcutta et Amritsar