The Beatles et l’album blanc, histoire de la discorde

The Beatles et l’album blanc, histoire de la discorde

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Le 22 novembre 1968, The Beatles sortaient leur double-album “The Beatles”, plus connu sous le nom de White Album. À l’occasion du 50e anniversaire de cet album mythique, Misk vous propose de découvrir son histoire fascinante.

 

Neuvième album du groupe, The Beatles et ses trente pistes est le premier à être publié sur le label du groupe, Apple Records. Parmi les premiers doubles albums de l’histoire, il a été réédité le 9 novembre 2018. De nombreux spécialistes des Beatles s’accordent à dire qu’au moment de la publication de l’album blanc, le Fab Four traversait une sorte de négation artistique, exprimant l’impossibilité de toute représentation de l’art - pour preuve, l’album d’après sera sous-titré “Nothing Is Real”. Quelle couleur mieux que le blanc, donc, pour nier le visible et mettre en valeur ce qui ne l’est pas ? Exit donc le psychédélisme de l’époque et de “Sgt. Pepper”, jusque dans les mélodies plus rock’n’roll que l’on peut écouter dans ce disque. Cette pochette blanche réalisée par Richard Hamilton - qui est au passage considéré par la critique comme l’inventeur du pop art - demeure la pièce maîtresse de la discographie des Beatles.

 

Le blanc ne symbolise pas toujours la paix

 

En novembre 1968, au moment de la sortie de l’album, les Beatles jouissent d’une telle aura qu’on les sollicite pour le moindre mouvement social : mouvement des jeunes, guerre du Vietnam, mouvement civique des Afro-Américains. Leur réponse sera blanche, neutre, apolitique… Avec ce double disque, le temps et le ton sont au désenchantement. Dans la musique d’abord, mais aussi dans le contexte de création de ce double disque. D’accord, c’est en Inde, en pleine retraite spirituelle, que la plupart des chansons furent écrites. Mais l’atmosphère “Peace & Love” ne parvint pas à venir à bout des tensions personnelles grandissantes au sein du quatuor - mettant en péril jusqu’à son existence. Pourtant le pays dans lequel l’album a été composé a bien eu un impact non négligeable sur son résultat. Au pays de Gandhi, les Beatles n’avaient pas à leur disposition une myriade d’instruments - c’est ce qui explique la présence importante de la guitare notamment dans des morceaux comme “Julia” ou encore “Prudence”. 

 

 Here Comes Yoko Ono...

 

Nous vous disions que ce « concept album » fut celui de toutes les tensions. Et pour cause. C’est à cette même période que Yoko Ono fait son entrée dans la vie de John Lennon et donc celle des Beatles. Une chanson en particulier cristallisa les mésententes. Il s’agit - ironiquement - de “Revolution”. Ce titre déjà présent sur “Hey Jude” existe en deux autres versions “Revolution 1” et “Revolution 9”. Dans la première version, John Lennon exprime un avis ambigu sur la guerre du Vietnam qui, à cette époque, déchaîne les passions. Il voudra se rattraper. L’enregistrement de “Revolution 1” et “Revolution 9” se déroule dans les studios d’Abbey Road. Et pour la première fois dans l’histoire du groupe, une personne extérieure au quatuor assiste aux sessions. Vous l’aurez deviné, il s’agit de Yoko Ono… L’artiste expérimentale japonaise est visiblement sans gêne. Elle donne son avis sur tout, se permettant de nombreuses critiques, intervenant sur “Revolution 9” qu’elle ira jusqu’à cosigner… Malaise.

 

...And Leaves Ringo!

 

Sur cet album blanc figure “Don’t pass me by”, qui est le premier morceau composé entièrement par Ringo Starr. Mais l’ambiance est loin d’être au beau fixe dans les studios d’enregistrement. Du coup, Ringo, excédé par le manque d’attention à son égard claquera simplement la porte des studios pour une petite croisière sur la mer méditerranée à bord du yacht d’un de ses amis. Après une dizaine de jours, il reviendra finalement au studio où une couronne de fleurs l’attendait sur sa batterie. Mais en son absence, deux titres seront enregistrés sans lui : "Back in the USSR" et "Dear Prudence" joué par Paul McCartney à la batterie. Si l’album est mythique, il n’en est pas moins annonciateur de la séparation des Beatles qui surviendra deux ans plus tard.