Cette histoire d’amour aurait pu ne jamais avoir lieu. Mais le destin réunit les gens qui s’aiment (même pour une période brève. Mais ne dit-on pas que c’est la qualité et non la quantité qui compte ?).
1959. Brigitte Bardot est la tête d’affiche du film de Michel Boisrond, « Voulez-vous danser avec moi ? ». Serge Gainsbourg en compose la musique. C’est leur première rencontre. Mais l’homme « à la tête de chou » est intimidé par cette beauté fatale. Il n’osera pas lui parler... L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais alors il n’y aurait rien eu à raconter.
1967. Après une première occasion ratée, Gainsbourg ayant gagné en succès et donc en assurance prend cette fois les devants. 8 ans après, Brigitte Bardot est encore dans sa tête. Il l’a au bout de la plume et veut lui écrire une chanson. Il décroche donc son combiné et l’appelle (c’est la « Friend Request » de l’époque). Dans une interview accordée au journal Paris Match, Brigitte Bardot se remémore ce coup de fil : « Il a demandé si j’avais un piano à la maison. C’est ainsi, face à face, dans mon salon, que nous nous sommes découverts. Nous étions aussi timides l’un que l’autre ».
Passion fulgurante et charnelle au fort potentiel créatif...
C’est dans l’appartement de Brigitte Bardot, avenue Paul-Doumer, que leur passion naîtra, autour d’un piano et de bulles de champagne. Gainsbourg voulait faire chanter à Bardot « Harley Davidson ». « Quand je sens en chemin/ Les trépidations de ma machine/ Il me monte des désirs/ Dans le creux de mes reins »... Ce sont les premiers mots de parolier qu’il lui mit dans la bouche. Et ça a tout de suite fait SHEBAM ! POW! BLOP ! WIZZ ! Ils vécurent ensemble une passion de 3 mois avec sursis. Brigitte Bardot a 33 ans et Serge Gainsbourg, 39 ans.
Un soir, alors qu’elle est dans les bras de son amant, « l’homme de ses plus belles nuits » elle lui demande d’écrire la plus belle chanson d’amour de tous les temps. Ainsi naquit « Je t’aime, moi non plus »... C’est Jane Birkin, l’interprète de cette chanson me direz-vous. Pourtant, c’est bien pour BB qu’il l’écrivit, et elle a même chanté « Je vais, je vais et je viens/ Entre tes reins/ Je vais et je viens/ Je me retiens/ Non, maintenant viens ». Il n’en faudra pas plus pour déclencher la colère de Gunter Sachs, homme d’affaires allemand multimillionnaire et (accessoirement) mari de Brigitte Bardot qui menaça Gainsbourg de poursuites judiciaires s’il ne retirait pas cette musique.
... Mais adultérine
Bardot a voulu jouer sur les deux tableaux, d’un côté son mari Gunter Sachs, de l’autre son amant Gainsbourgeois. Elle ne gardera ni l’un ni l’autre. Pour préserver un mariage en bout de course, elle quittera l’homme qu’elle aime. Amants terribles ? Amants maudits ? Pas besoin d’être ensemble pour s’aimer. L’album Initials B.B. enregistré entre 1965 et 1968 et la chanson du même nom de Serge Gainsbourg sont la preuve irréfutable qu’au-delà de l’amour, un lien créatif fort unissait les deux artistes et que BB fut pour Gainsbourg une muse.
Le 1er mars 2016, toujours dans cette même interview, elle déclarera au journaliste de Paris Match à propos de sa relation avec Gainsbourg « ce fut une rencontre qui dura trois mois sans une ombre, sans un nuage. Quatre-vingt-dix jours d’amour fou. C’était beau, pur. Cela doit tout simplement s’appeler le bonheur »...