Les poutres du pont Cyrus Le Grand, viaduc de l’Avenue de la République, se sont fait recouvrir d’un minable gris à cause d’une décision du ministère de l’Équipement il y’a quelques jours... En 2016, une centaine d’artistes tunisiens et étrangers avaient contribué à décorer d’amour et de paix 130 interfaces des colonnes porteuses de ce fameux pont. Pour répliquer, le ministère des Affaires culturelles a lancé un appel aux artistes pour sauver le coup et ils n’ont pas manqué de marquer leur présence dimanche en transformant le pont en une véritable exposition d’art. Mais qu’en est-il des conséquences de cette grossière erreur ? La société citoyenne a-t-elle pardonné et est-elle passée à autre chose ?
Nous, on a cherché à savoir si ce genre d’acte insolite s’est déjà déroulé ailleurs.
Désolé Banksy !
Pour rester pertinent dans notre analyse, on se dirige tout droit en Jamaïque, là où les murs du Geejam Hotel ont brièvement profité d’une œuvre de Banksy estimée à 4,6 millions d’euros. L’un des employés de l’établissement avait expliqué que « Pendant une visite en 2006, Banksy a offert 11 pochoirs comme cadeaux aux propriétaires, ce qui est rapidement devenu une attraction pour nos hôtes ». Un manque de communication entre les employés a conduit les équipes de maintenance à inclure le travail de Banksy dans leur restauration des lieux, pensant que le dernier était un simple acte de vandalisme de la part d’un client. L’employé avait ajouté « qu’ils étaient mortifiés quand ils ont découvert leur erreur. Tout autant que les propriétaires ». Il leur a fallu près de 140 000 euros pour restaurer les œuvres de Banksy.
La boulette de la ville de Reims
Un exemple un peu plus proche de la bourde tunisienne. En 2016, la mairie de la ville de Reims a commandé un graffiti au Street artiste C215, un graffiti qui finit par disparaître quelques jours après son apparition, à cause d’un oubli fondamental, celui de prévenir les services de propretés qu’il ne s’agit pas d’œuvres murales non autorisées. L’artiste s’est avoué surpris de ne pas avoir retrouvé son œuvre à l’endroit où il l’a créé et a déclaré que « Les services de la mairie se sont excusés platement et se sont eux les premiers emmerdés. Il y a eu une confusion entre les services ». Il a pu reproduire une œuvre similaire au même endroit pour rattraper le coup...
6,7 millions de dollars d’amendes pour un New-Yorkais !
Dans le quartier du Queens, à New York, on résout les bourdes de la plus américaine des manières. Un promoteur immobilier new-yorkais du nom de Jerry Wolkoff a été condamné en 2013 à payer une amende de 6,7 millions de dollars pour avoir repeint le mur d’un de ses immeubles, un mur recouvert de 45 œuvres de près de 21 Street artistes.5Pointz était considéré comme La Mecque de Street Art.
Résolutions financières, prises d’initiatives par les responsables pour que les artistes concernés reproduisent leurs œuvres... Espérons que les nouvelles fresques sur le pont de l’Avenue de la République puissent combler les pertes et le chagrin qu’ont pu subir la centaine d’artistes ayant décoré le pont en 2016.