Avec les lunettes de Gramsci, Baccar Gherib pense la transition tunisienne dans son livre

Avec les lunettes de Gramsci, Baccar Gherib pense la transition tunisienne dans son livre

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Mardi était sans conteste la journée de Gramsci à la Foire Internationale du Livre de Tunis, avec un hommage rendu au professeur Tahar Labib et la signature du livre du professeur Baccar Gherib, «Penser la transition avec Gramsci».

 

Tahar Labib est un sociologue tunisien qui a enseigné à Tunis et à Beyrouth. Baccar Gherib est aussi universitaire et doyen de la faculté des sciences juridiques de Jendouba, il vient de rempoter le Prix Tahar Haddad à la foire du livre, pour les recherches en littérature et sciences humaines avec son livre «Penser la transition avec Gramsci». Tous les deux se sont penchés dans leurs travaux sur la pensée du philosophe italien Antonio Gramsci.

 

La pensée de Gramsci, véhiculée principalement par ses «Cahiers de prison» écrits dans les années 30 et publiés à la fin des années 40, est arrivée tard dans le monde arabe «après les années 70 en Tunisie» selon le professeur Tahar Labib.

 

«Gramsci est un penseur militant et un militant penseur», affirme Tahar Labib. «Intellectuel pour les Maghrébins, militant pour les Orientaux, il a été le compagnon des exilés, notamment Edward Saïd qui est un des rares qui ont su user du “gramscisme de Gramsci” indique le professeur.

 

À travers les lunettes d’un penseur hors du commun, qui s’est illustré par sa lecture de l’incapacité de la gauche à marquer sa domination idéologique en Italie et en Europe, et donc par son concept de “l’hégémonie culturelle”, il était utile de se poser la question suivante : “la pensée de Gramsci peut-elle aider dans la transition en Tunisie?”

 

La crise est le moment où l’ancien ordre du monde s’estompe et où le nouveau doit s’imposer en dépit de toutes les résistances et de toutes les contradictions. Cette phase de transition est justement marquée par de nombreuses erreurs et de nombreux tourments.

Antonio Gramsci, CAHIERS DE PRISON

 

Baccar Gherib a découvert Gramsci à l’université, il avoue avoir été “subjugué par son audace et par la profondeur de son analyse”, lui, qui à l’âge de 26 ans a osé remettre en question le marxisme des bolchéviques.

Dans son livre, il aborde dans un premier temps Gramsci par-delà Marx.

 

“Je fais partie de ceux qui pensent que le marxisme en tant que moyen d’analyse reste très pertinent. Sauf que Gramsci apporte un plus au marxisme orthodoxe parce qu’il est très sensible à la question de la politique et de l’idéologie”.

 

Après la révolution tunisienne, Baccar Gherib s’intéresse de plus près aux “Cahiers de Prison” de Gramsci : “il est en train de parler de ce qui se passe chez nous, c’est pour ça que j’ai écrit ce livre” annonce-t-il.

 

Cité comme le “le théoricien de la défaite” par Tahar Labib, il est qualifié de “penseur de grand calibre” par Baccar Gherib qui est convaincu que la pensée Gramscienne est d’actualité car elle émane d’un vécu qui se situe dans la période de transition de l’entre-deux guerres.

De 1929 à 1935, dans les geôles de Mussolini, Gramsci couvre de ses réflexions politiques une trentaine de cahiers. Les Quaderni del carcere développent et enrichissent les intuitions de la période précédente. Ici se révèlent l’originalité, la richesse et la profondeur de sa pensée.

Jean-Marc Piotte, LA PENSÉE POLITIQUE DE GRAMSCI

 

“C’est le penseur des révolutions défaites, des révolutions à la peine” soutient Baccar Gherib qui, à travers son livre, nous explique comment Gramsci peut nous aider à penser la situation actuelle en Tunisie.

 

Antonio Gramsci dont nous célébrons le 81e anniversaire de la disparition cette année, est plus que jamais présent et sa pensée plus que jamais d’actualité. Une occasion pour les lecteurs qui le connaissent peu ou ne le connaissent pas de le découvrir à travers ses écrits ou les écrits qui décortiquent sa pensée comme le livre de Baccar Gherib.