American Gods est la nouvelle série à suivre absolument, culte dès sa sortie, la série est une adaptation du roman fantastique de Neil Gaiman, l’histoire est simple. C’est celle d’Ombre, un afro- américain, arnaqueur, qui en sortant de prison après 3 années fait face au décès de sa femme, pire, on lui annonce que cette dernière l’a trompé avec son meilleur ami, au fond du gouffre. Ombre plonge dans le désespoir dès sa première journée de liberté, et rencontre « voyageur » un vieil homme qui changera sa vie à jamais.
Le genre du road movie coexiste avec celui des films d’aventure fantastique dans la série AG, on y trouve tout ce qui fait un bon feuilleton : des rebondissements, des personnages hauts en couleur, de l’amour, du sexe et surtout une vision du monde et du 21e siècle qui donne froid au dos. Dès le générique nous sommes plongés dans l’univers énigmatique et ténébreux de la série, on y voit des symboles de la mythologie égyptienne comme le sphinx, des pilules flotter autour de Boudha, un cowboy en néon, des voitures, un casque VR et un astronaute crucifié, le tout dominé par un aigle, le fameux aigle de la puissance américaine.
On remonte le temps, pour aller aux racines du mal américain, d’abord par la découverte du continent, puis l’esclavage pour atterrir dans le présent à travers un héros qui incarne l’anti-héros et l’antithèse du rêve américain. Un héros qui se retrouve au milieu de l’une des batailles les plus importantes de notre siècle, celle qui oppose les anciens dieux aux nouveaux. Finis les légendes de grand-mère du monstre sous le lit et les croyances hérités, les nouveaux dieux sont l’argent, la télévision, les médias, la célébrité, les drogues et la technologie.
Si le tout paraît extravagant, il s’agit pourtant d’un sujet concret, American Gods, ne fait que raconter la transition que nous vivons, celle de la mort du vieux monde. « Le voyageur » n’est autre que l’ancien dieu nordique Odin, il est incarné dans la série par l’excellent Ian Mc Shane. Le plus surprenant reste l’apparence ordinaire des dieux, ils sont comme nous, mangent, conduisent des voitures, et fument des cigarettes, une manière de dire « Ils sont parmi nous » et ainsi donner une dimension crédible à la réalité que nous offre la série.
La scène déjà culte de American Gods est sans doute celle-ci, où Technical Boy se fait remonter les bretelles par un David Bowie pas comme les autres.
Les deux personnages représentent les nouveaux dieux, ceux de la Technologie et du Star-system. Une mise en scène à rendre jaloux le réalisateur de Lucy, travelling, gros plans et une caméra à vif, ajouter à cela les costumes minimalistes et le blanc immaculé transcendé par le bleu électrique de la veste made in Ziggy Stardust. Un sans faute sublimé par un soundtrack bien trouvé, la séquence est étourdissante de justesse, de beauté, et de pertinence. Le réalisateur David Slade a su montrer l’arrogance, la dangerosité et aussi la perfection inquiétante qu’incarne la technologie.
Même si la série parle de l’Amérique, l’universalité des problématiques traitées rend possible l’identification. Au fond on arrive à penser que l’histoire de l’Amérique et de ses symboles appartient au monde entier. Plus encore, AG offre un bilan doux amer du 21e siècle, une sorte de mise au point nécessaire et d’un « so next ? “entre pessimisme et interrogations. American Gods est donc à suivre absolument si vous voulez voir défiler sous vos yeux une réalité qui nous dépasse et suivre de près la bataille du siècle !