Accros aux écrans : Je like donc je suis

Accros aux écrans : Je like donc je suis

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1er constat. Nous vivons sur une terre foulée par les pas de 7 572 386 079 habitants (chiffre variable d’une seconde à l’autre).

2e constat. Nous vivons dans un monde où plus de 75 % de la population possède un smartphone.

 

 À l’heure où il y a autant d’iPhone que de versions de Star Wars (idem chez son concurrent Android), ces objets rectangulaires sont devenus des extensions de nos membres à 5 doigts et nos pouces sont devenus des distributeurs à likes et autres moyens de donner son avis (plus ou moins pertinent).  

 

 

Regardez la dernière story Instagram de X, répondre au message WhatsApp de Y tout en écoutant la dernière musique de Z sur iTunes, cet alphabet diabolique fait croire à nos cerveaux que nous sommes multitâches. Chose que nous ne sommes pas. Un moment d’ennui et nos visages s’illuminent de la lumière bleue de nos écrans. Attendre une personne au café, un taxi, faire la queue pour se faire un ciné et nous dégainons notre smartphone plus vite que notre ombre. De quoi foutre la honte au grand Lucky Luke. Mails, textos, atteindre le niveau 1467 à Candy Crush, regarder le dernier changement capillaire de Kylie Jenner sur Instagram... Un monde virtuel (plus ou moins riche) est accessible sur ces petits écrans.

 

 

Notre société est une tueuse d’ennuis, une meurtrière du farniente, un Jack l’Éventreur du temps perdu... Nous ne défaillons pas à notre réputation de société capitaliste en somme. Surtout lorsqu’il s’agit de notre gestion du temps. Vous rappelez-vous de la dernière fois où vous n’avez littéralement rien fait pendant plus de 5 minutes ? Rien, nada, niente ? Pas de musiques, pas de livres, pas de télés, pas de smartphones... ? Non ? Nous non plus...

 

 

L’ennui que Charles Baudelaire appelait dans son « Adresse au Lecteur » ce « monstre délicat » est pourtant ce qui nous offre notre créativité. L’écran devient un détachement du monde, une échappatoire de la réalité, une jouissance accessible immédiatement.

 

Faut-il pour autant diaboliser les smartphones, tablettes, etc. ? 

 

Ce n’est pas aussi simple. Les choses ne sont ni noires ni blanches... Pour Michèle Lauwens, psychothérapeute basée à la Marsa et spécialisée (entre-autre) dans les addictions et la cyberdépendance « c’est très paradoxal, parce que l’exposition à plein d’images, l’accès immédiat encyclopédique au niveau universel nous permet d’avoir des connaissances supérieures à celle que nous avions avant internet. La connaissance est à portée de clic, même pour les choses les plus compliquées. En quelques secondes, on trouve sur internet une explication simplifiée de tout ce qu’on veut ». Mais le danger se trouve aussi ici. Il faut toujours faire attention aux informations que l’on y trouve. Sur internet, on trouve de tout, et surtout n’importe quoi. Prenons ici un exemple facile, les fameuses « Fake News » de Trump. Toujours vérifier ses sources et ne pas faire confiance à tous les médias (comme lerpresse par exemple). 

 

 

Elle poursuit, « la créativité se nourrit de connaissances. Mais c’est comme tout, il ne faut pas que ce soit dans l’excès ». Pour elle, le danger c’est le manque d’envie de créer. Michèle Lauwens le dit elle-même, c’est une bonne chose que les enfants s’ennuient, ça les pousse à penser et donc à être imaginatif - CQFD. Mais il faut également se méfier des réseaux sociaux. Prenons Facebook par exemple. L’idée est bonne. Rester en contact avec nos amis du monde entier, jolie initiative. Passons maintenant à Instagram, ce réseau social voué à la photographie, à la belle image est ce qu’on fait de mieux en matière de créativité et d’art. Pourtant nous ne publions sur cette appli que des photos qui nous mettent en valeur (vacances, plages, endroits tendance où nous sommes allés boire un verre...). On y balance des photos comme pour dire « regardez la vie extraordinaire que je peux avoir ». « Nous sommes envahis par l’image des autres qu’ils veulent absolument nous faire partager. Mais cela n’a aucun impact positif sur nous puisque nous ne partageons pas concrètement avec eux ce moment de bonheur » explique Michèle Lauwens qui ajoute « au contraire, cela peut se révéler être extrêmement anxiogène ».

 

 

Elle nous parle d’une étude britannique publiée en 2012 qui a montré que depuis quelques années, avec l’apparition des smartphones, les gens passent 40 minutes de plus aux toilettes. (En faisant plus de recherches sur cette étude, on apprend également que 5 % utilisent leur smartphone pendant l’acte sexuel...). Notre téléphone s’immisce dans les plus intimes sphères de notre vie privée....  

 

 

Elle met tout de même les choses en parallèle. « Il y a dix ans, on disait de la télé c’est la mort des couples, la mort de l’esprit de famille, de la communication. La télé était diabolisée. Pourtant aujourd’hui, c’est la télé qui rapproche. Du moins quand tout le monde accepte de lâcher son smartphone ».

 

 

Pour finir cet entretien, elle nous fait une dernière mise en garde « La mondialisation qui se joue sur internet veut nous uniformiser dans nos comportements, nos modes de pensées, notre manière de nous habiller, nos modes de loisirs... »

 

 

Morale de l’histoire : l’abus de réseaux sociaux est mauvais pour la santé. À consommer avec modération.

Inès Ben Azouz

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