5 chansons (sur l’absence) d’amour

5 chansons (sur l’absence) d’amour

Partager

Passé la Saint Valentin, l’overdose de chocolat, l’invasion de roses et l’illusion d’un idéal fantasmé, voici le retour à une vie normale rythmée par la grisaille de février, des nappes grises, des lourds nuages qui n’en finissent plus, de la lune noire, des loups-garous. Voici le retour à l’état normal, celui de l’absence d’amour, qui, tout compte fait, permet de libérer l’esprit pour des occupations plus intéressantes. Oui, on aurait pu dresser une liste d’une centaine de titres d’amour, fleur bleue au fusil, le cœur lourd d’artichaut. Mais la rose se fane, et l’artichaut est blindé de spasmes. Ce qui rend clairement les chansons sur l’absence d’amour plus intéressantes. Petite exploration. 

 

James - Dust Motes 

 

Manchester est connue pour sa mélancolie, d’où le nom du genre donné à la musique de la région : Madchester. Les mancuniens du groupe James n’y dérogent pas. Installé seul dans son lit aux aurores, ici, le personnage fait semblant de dormir. Sa compagne se lève discrètement, fait ses valises, et part. Dans son lit, seul, il observe cette poussière qui gravite dans l’espace, éclairée par la lumière de l’aube. Chant fait de douleur, il nous livre cette métaphore terrible du vautour qui rôde autour d’un cadavre, et puis arrive le moment du pardon, de la compréhension, de l’acceptation d’une relation qui se termine : « I forgive you… If You Die ». Épique.

 

 

 

 

Serge Gainsbourg – Amour Sans Amour 

 

Avant de se laisser aller, de faire le pitre sur les plateaux télé, Gainsbourg a eu plusieurs vies dont l’une des plus intéressantes est sa période confidentielle. Juste avant le grand succès, il aura sorti un disque de jazz formidable au chant de crooner. L’album s’appelle, justement… Confidentiel. Si l’absence d’amour hante tout l’album, Amour sans Amour est sans doute le manifeste idéal d’un homme à femmes, dandy attachant et séducteur, qui a la chance d’avoir toutes les femmes dans son lit, mais qui restera toute sa vie privé d’amour. Le prix à payer. 

 

 

 

 

David Bowie – Letter To Hermione 

 

Bowie n’est pas connu pour ses chansons d’amour, et il faut avouer qu’il n’est pas connu pour sa belle plume. Mais cette histoire secrète vaut le détour. En 2013, il était de retour au studio pour enregistrer son avant-dernier album. Le disque est rempli d’angoisses, de travail de mémoire sur son œuvre. Une photo banale le montre habillé d’un t-shirt où il est écrit Song Of Norway. Au milieu des années 60, à quelques secondes du succès, le roi David avait eu une relation avec une jeune actrice. Elle s’appelait Hermione. Amour foudroyant, paraît-il. Elle l’avait quitté subitement lors du tournage d’un film. Cette chanson s’en suit, très personnelle. Bowie n’a jamais communiqué dessus. Elle l’avait quitté, sur le tournage d’un film qui s’appelait… « Song of Norway ». 45 ans plus tard, après le succès, la gloire, l’argent, la reconnaissance, au crépuscule de sa vie, Bowie n’avait pas oublié. 

 

 

 

 

Lana Del Rey – Chelsea Hotel N2

 

Est-ce un sacrilège que de choisir une reprise à la place de l’originale ? Surtout que cette dernière est écrite par Leonard Cohen ? N’en déplaise aux radicaux de Cohen, l’interprétation de Lana Del Rey est sublime. Retour à la chanson. Encore une fois, une histoire restée longtemps secrète. Leonard Cohen avait écrit cette chanson pour Janis Joplin, avec des moments épiques : « You told me again you preferred handsome men but for me you would make an exception.» ou encore cette phrase toute simple, agitatrice de frissons : « We are ugly, but we have the music ».

 

 

 

 

Jacques Brel – Orly 

 

Peut-être la plus belle chanson de Brel, même s’il ne s’agit pas d’absence d’amour, mais du moment qui le précède, celui de la séparation. Cynique, Brel joue au narrateur et décrit une scène de séparation à l’aéroport d’Orly. Une histoire poignante et un va-et-vient sur fond de valse macabre où Brel livre une de ses meilleures interprétations avec cette phrase terrible à la fin : « Je suis là, je la suis, je n’ose rien pour elle, que la foule grignote, comme un quelconque fruit ».