Tout ce que la Tunisie post-révolution a laissé en nous, cet amas de sentiments qui vacillent entre fierté, espoir et amertume, en passant par la colère, la désillusion et la déception nous est servi par une Leila Toubel majestueuse dans sa pièce « Hourya ».
C’est au sein de l’espace El Teatro qu’ont lieu les premières représentations de « Hourya », la nouvelle pièce de théâtre musical de Leila Toubel, fruit d’une collaboration avec le jeune pianiste franco-tunisien Mehdi Trabelsi.
La comédienne, fidèle à elle-même, incarne la femme passionnée et fougueuse, animée par l’amour inconditionnel qu’elle porte à la Tunisie. Toujours en dialecte tunisien, elle manie le verbe avec la subtilité et la justesse qu’on lui connaît et donne à chaque mot une force et une délicatesse qui ne peuvent laisser les spectateurs de marbre.
« Hourya », évoque en bien des points « Solwen » mais est un peu plus tournée vers l’extérieur, nous parlant de l’extrémisme religieux, des horreurs et de la barbarie qu’il perpétue à travers le monde.
La pièce s’articule autour d’une histoire d’amour impossible entre Hourya et Adam. Entre séparation, attentes, désespoir, retrouvailles et déchirure, Leila nous fait pencher sur les questions de la vie, la mort, l’amour, l’amour de la vie et la mort de l’amour.
Sa plume toujours virulente et sans merci, sur un ton qui passe du tragique à l’ironique, elle critique ouvertement la société Tunisienne post-révolution, nous parle des politiciens, des promesses non tenues et des martyrs.
Parsemée de notes d’humour qui allègent le tout, la pièce fait basculer le spectateur, avec beaucoup d’adresse entre émotions et rires.
Les interventions de Mehdi Trabelsi, véritable virtuose du piano, structurent la pièce, subliment les textes et le jeu théâtral de Leila Toubel dans une atmosphère de symbiose et d’harmonie parfaite entre les deux artistes.
Une pièce qui chamboule de l’intérieur, une pièce qui émeut et fait réfléchir, on en sort tout retourné.
Souhir Hamrouni Buonomo
Crédit photo: Tarek Mrad